Pour comprendre pourquoi Steven Spielberg a toujours été fasciné par la figure de l’enfant, il faut sans doute remonter à un élément biographique. Marqué au fer rouge par le divorce de ses parents, Spielberg aura sans cesse questionné le rapport de l’enfant au monde adulte à travers des familles souvent éclatées, recomposées ou amputées.
Dès son premier long métrage, "Sugarland Express" (1974), le thème est posé. Une mère fait évader son mari criminel pour aller retrouver leur bébé placé à l’assistance publique. La famille est tout sauf idéale. Les parents sont des antihéros immatures. Et le final, d’une noirceur étonnante, torpille les rêves illusoires de réunion familiale.
On retrouve cette impossibilité à retourner à une enfance idéalisée dans "Arrête-moi si tu peux" (2002). L’histoire d’un escroc, Frank Abagnal Jr (Leonardo di Caprio), meurtri par le divorce de ses parents, qui ne cherche au fond qu’à retrouver sa mère avant de se rendre compte que celle-ci a refait sa vie sans lui.
>>A voir, la bande-annonce du film "Arrête-moi si tu peux" avec Leonardo di Caprio et Jennifer Garner notamment:
Certes, Steven Spielberg aura parfois orchestré l’éloge de la famille parfaite retrouvée à la fin de "Jurassic Park" ou de "Hook" par exemple. Mais prendre ces exceptions pour la norme serait oublier tous ses autres films, bien plus nombreux, habités par la mélancolie de l’abandon, les figures paternelles ou maternelles absentes, et la quête impossible de cette enfance perdue.
Dès que le noir se fait, je suis comme un enfant face à un cadeau de Noël.