La comédienne, qui est quasiment de tous les plans, incarne Jenny Davin, médecin. Un soir, parce qu'elle est fatiguée des heures supplémentaires, Jenny n'ouvre pas la porte de son cabinet. Peu après, la fille qui appelait à l'aide est retrouvée morte. Rongée par la culpabilité, Jenny mène elle-même l'enquête pour connaître au moins son nom.
Adèle Haenel dans un autre registre
Depuis trois films, les Dardenne choisissent des actrices connues pour interpréter leurs personnages principaux. Après Cécile de France dans "Le Gamin au vélo" et Marion Cotillard dans "Deux jours, une nuit", ils ont jeté leur dévolu sur Adèle Haenel, César 2015 de la meilleure actrice pour "Les Combattants".
On l'a choisie pour son visage. Le scénario existait déjà avant qu'on ne la rencontre, mais on n'arrivait pas à le faire évoluer. En voyant Adèle, on s'est dit que la naïveté de son visage nous permettrait de raconter l'histoire de cette femme qui, grâce à son innocence, écoute le corps des autres et les fait parler, presque malgré elle.
D'habitude, la comédienne dégage quelque chose de très volontaire et de très énergique à l'écran. Avec les frères Dardenne, elle s'essaie à un autre registre, plus lent, plus calme.
On lui a demandé de parler moins vite. Il fallait qu'elle acquière une douceur. Ce n'est sans doute pas sa nature, elle est plutôt fonceuse.
Les Dardenne revoient leur copie
Eternels habitués du Festival de Cannes, les frères Dardenne font partie des rares cinéastes doublement palmés par le festival (pour "Rosetta" et "L'Enfant"). "La Fille inconnue" y a été sensiblement moins bien reçu cette année, et par la critique et par le jury. Après la projection cannoise, les frères Dardenne ont donc revu leur copie et amputé leur film de 7 min 30 pour "rendre l'histoire plus nerveuse".
Et si les Dardenne ont eu le sentiment que leur film était moins abouti qu'à l'accoutumée, c'est que, pour la première fois, ils n'ont pas pris de pause entre le tournage et le montage.
Nous sommes restés prisonniers de nos plans-séquences. C'est hypnotisant, un plan-séquence. Il faut du temps pour s'en dégager. Personne n'a pris de recul sur le film ni nous ni la monteuse. Et ça, on ne le refera plus jamais.
Raphaële Bouchet/ld