"Horizontes", quelques pas de danse classique dans un Cuba au point mort
Des salles de répétition décaties à la scène du Ballet national de Cuba, où les spectacles n'ont pas changé depuis les années 1960, le film "Horizontes" (à revoir ci-dessus) suit les pas d'Amanda, l'adolescente déterminée, et de Viengsay, l'étoile de 35 ans qui se sait proche du déclin. Toutes deux se battent corps et âme pour être les meilleures.
Dans leurs pas et leurs espoirs résonne la destinée d'Alicia Alonso, la reine indétrônable de la danse classique cubaine qui, malgré ses 94 ans passés, et ses problèmes de vision, continue à diriger le Ballet national de Cuba qu'elle a fondé en 1948 d'une main de fer. A tel point que dans le film, cette proche de Fidel Castro en arrive presque à incarner à elle seule la dictature et ses absurdités.
Des corps en mouvement sur une île figée
Sans être un film politique, "Horizontes" raconte dans un langage poétique et sensoriel le destin d'une île dont l'horizon se limite au célèbre Malecón, la promenade de front de mer de La Havane.
Evitant également la musique racoleuse, trop souvent associée à Cuba, et mettant en scène des corps en mouvement avec subtilité, ici des gouttes de sueur, là des mains gracieuses, Eileen Hofer parvient à raconter le quotidien (difficile) de deux jeunes danseuses dont les rêves se heurtent à une réalité figée dans un autre temps.
Juliette Galeazzi