A l'échelle suisse, la part d'exploitation à avoir franchi le pas du bio reste largement minoritaire. Et parmi ceux, en proportion encore moins nombreux, à être passé à une agriculture plus respectueuse de l'environnement en Suisse romande, figure Cédric Chezeaux, un agriculteur du Jura vaudois, protagoniste principal du documentaire "Révolution silencieuse" de Lila Ribi.
En 2015, 8,3% des fermes romandes étaient bio -soit 927 exploitations sur 11'036- contre 14,8% outre-Sarine et 13,1% au Tessin.
N.B: cliquez sur les différents onglets "Suisse romande", "Suisse alémanique", etc. pour voir le graphique évoluer
La réalisatrice Lila Ribi, dont le film arrive sur les écrans mercredi 25 janvier, a suivi le parcours semé d'embûches de cet homme désireux de renouer avec une pratique plus proche de la nature. Elle raconte, avec beaucoup de sensibilité, l'aventure d'un paysan avec, à ses côtés, sa femme et ses six enfants, tous solidaires. Car la "révolution silencieuse" ne se fait pas sans quelques déchirements comme, par exemple, lorsque l'agriculteur se sépare de ses vaches.
Ce qu'on fait c'est trop hors norme?
Les obstacles sont aussi financiers, climatiques et même sociaux: la famille se sent parfois mise à l'écart dans son village (voir extrait ci-dessous).
La guerre des semences
Renoncer à faire du lait et n'utiliser plus que des semences anciennes, c'est en deux mots le pari relevé par cet agriculteur vaudois dont le choix transcende la seule dimension écologique.
"Il faut commencer par s'apporter à soi-même ce dont on a besoin, retrouver un lien entre la terre et son assiette", dit-il sans cacher sa joie d'avoir retrouvé son autonomie et la maîtrise de ses affaires, loin des diktats de l'industrie agroalimentaire qui domine le marché mondial des semences.
Formation, le nerf de la graine
Lorsque Cédric Chezeaux a fait sa formation (voir la vidéo ci-dessous), les écoles d'agriculture prônaient encore bien souvent le tout chimique pour produire en quantité. Avec des consommateurs toujours plus soucieux de la qualité de leurs aliments, la tendance est en train de se renverser.
A Marcelin, l'école d'agriculture propose depuis 5 ans un CFC d'agriculteur avec une spécialisation en agriculture biologique. Une vingtaine d'apprentis y sont ainsi formés chaque année.
Il a fallu 30 à 40 ans pour apprivoiser la chimie, il faudra bien 20 à 30 ans pour s'en passer complètement
Tournage en immersion
En faisant sienne la maxime de Pierre Rabhi, pour lequel "la vraie révolution est celle qui nous amène à nous transformer nous-mêmes pour transformer le monde", Cédric Chezeaux offre à Lila Ribi l'opportunité d'un film manifeste contre l'agriculture extensive.
Ce film, c'est une solution possible
"J'étais très révoltée contre tout ce qui se passait dans le monde par rapport à la production d'aliments, au recours aux produits chimiques ou à l'élevage industriel. Ce film, c'est une solution possible", a encore expliqué la réalisatrice Lila Ribi au 12h45. Et la relation de confiance qu'elle a su développer en passant un an en immersion avec la famille Chezeaux l'illustre à merveille.
Sophie Badoux/Juliette Galeazzi