Le cinéaste chilien très en vue, déjà auteur d'un biopic audacieux sur le poète Pablo Neruda, a choisi de raconter l'organisation des funérailles de John Fitzgerald Kennedy, assassiné à Dallas le 22 novembre 1963, du point de vue de sa femme. "Jackie" n'est donc pas un film biographique traditionnel.
Avec ce film, Pablo Larrain réalise sa première coproduction avec Hollywood, son premier film en langue anglaise, avec une star américaine, Natalie Portman. Le cinéaste ne cède donc rien sur ses ambitions d'auteur radical.
Un récit ni chronologique ni exhaustif
Pablo Larrain s'est inspiré d'une interview que Jackie a donnée à un journaliste du magazine "Life", dix jours après l'assassinat de son mari. De cette interview, il construit un récit fragmentaire, mélange les temporalités, les styles et les textures des images, il reconstitue des événements et fabrique de fausses archives.
Le réalisateur filme avec passion le visage de Natalie Portman, nommée aux Oscars dans la catégorie meilleure actrice. Dans "Jackie", l'actrice réussit à incarner à la fois la détermination, la fragilité, la tristesse, et la force de cette femme qui fait tout pour que John soit enterré en grand homme. Elle veut bâtir la légende de son défunt mari. Et pour elle, écrire l'histoire avec un grand H, c'est avant tout une affaire de spectacle, de décorum et de mise en scène. Le résultat est intelligent, virtuose et très beau. Mais le film a parfois la froideur d'un exercice de style.
Raphaële Bouchet/ld