Un homme qui se rase, se rase à nouveau, se rase encore, jusqu’à saigner. Aussi connu sous le titre Viet’ 67, ce court-métrage de 6 minutes a souvent été interprété comme une métaphore de l’autodestruction des Etats-Unis dans la guerre du Viêt Nam. Et impose un cinéaste chez qui violence et esthétique se marient avec force.
Scorsese en sept films clés
Grand Format
Introduction
A l'occasion de la sortie de "Silence", retour sur le parcours du réalisateur américain Martin Scorsese en sept films clés.
The Big Shave (1967)
Taxi Driver (1976)
Cinquième long-métrage et déjà la Palme d’or pour le cinéaste de 33 ans. Film culte, Taxi Driver suit l’errance d’un ancien marine solitaire devenu chauffeur de taxi, qui se mue en justicier dans la ville.
La crête iroquoise de Robert De Niro est restée dans l’histoire du cinéma, comme sa fameuse réplique, "You’re talking to me ?", reprise dans de nombreux films depuis.
Jodie Foster, elle, irradie de talent à tout juste 13 ans. Et inspirera à un déséquilibré tombé amoureux d’elle suite à ce film une tentative d’assassinat de Ronald Reagan en 1981.
Raging Bull (1980)
Quatrième collaboration entre Martin Scorsese et Robert De Niro, ce biopic consacré au boxeur Jake de la Motta vaut au second – qui a pris 30 kilos pour le rôle – son deuxième Oscar. Niveau réalisation, Scorsese choisit de filmer les combats avec une caméra placée à l’intérieur du ring, pour trancher avec la manière habituelle de filmer la boxe.
Succès mitigé à sa sortie, le film est aujourd’hui vu comme l’un des meilleurs des années 1980 par de nombreux critiques. Et comme le chef d’œuvre des films sur le sport.
La dernière tentation du Christ (1988)
Premier film où Scorsese ausculte la question de la foi et du mystique – avant Kundun et Silence – cette "dernière tentation" reste avant tout dans les mémoires pour le scandale qui l’entoure. Le film peine à trouver des financements, est critiqué par plusieurs personnalités de l’Eglise catholique, interdit ou censuré dans de nombreux pays, provoque des manifestations là où il sort sur les écrans et des cinémas sont même incendiés en France.
Les Affranchis (1990)
"Autant que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être gangster", lâche le héros en ouverture du film. Grandeur et décadence de ces gangsters qui fascinent tant Scorsese, cette adaptation d’un livre de Nicholas Pileggi est au panthéon des films consacré au crime organisé et a même inspiré à David Chase la série Les Soprano.
Surtout, il révèle une kyrielle d’acteurs qui seront dès lors abonnés aux rôles de mafieux, de Joe Pesci à Paul Sorvino, en passant par Michael Imperioli et Tony Sirico qui feront les beaux jours des… Soprano.
Martin Scorsese presents the Blues (2003)
Passionné de musique, Scorsese y a consacré plusieurs documentaire, de The Last Waltz en 1978 à George Harrisson : Living in the Material World en 2011, en passant par des films sur Bob Dylan et les Rolling Stones ou encore la récente série Vinyl.
Mais son projet le plus fort est sans doute cette série de 7 documentaires replongeant aux racines du blues pour fêter le centenaire du genre. Un voyage musical dans lequel le réalisateur embarque d’autres grands noms derrière la caméra, comme Wim Wenders et Clint Eastwood.
Les infiltrés (2006)
Vingtième film et enfin la consécration suprême pour Martin Scorsese, lauréat des Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour la première fois, à 66 ans, avec ce remake d’un film hongkongais, dont il offre le rôle principal à Leonardo Di Caprio, son acteur fétiche des années 2000.
Un exercice de style où le réalisateur joue avec plusieurs de ses thèmes de prédilection: la famille, la frontière entre le bien et le mal, les crises d’identités. Tout en y ajoutant de multiples clins d’œil à l’histoire du cinéma.
Crédits
Textes: Christophe Schenk
Interview Martin Scorsese: Julie Evard
Sous-titrage interview: Pierre-Yves Maspoli
Réalisation web: Olivier Horner