Le jury du 70e Festival de Cannes présidé par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar a attribué la Palme d'or à "The Square", un drame suédo-danois réalisé par Ruben Östlund.
"C'est un film formidable et une équipe formidable. J'espère que nous pourrons travailler encore ensemble", a déclaré le réalisateur en recevant la récompense suprême. Il a fait pousser un cri de bonheur à l'assistance et au parterre de stars présentes, selon une tradition suédoise.
Les prix d’interprétation masculine et féminine ont quant à eux été remportés par l’Américain Joaquin Phoenix et l’Allemande Diane Kruger.
Extrait de The Square
"The Square" est le sixième long-métrage de Ruben Östlund. Il avait déjà remporté le prix "un certain regard" pour "Snow Therapy" en 2014. Il succède au palmarès à "Moi, Daniel Blake", de Ken Loach.
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Petite déception
Nombreux étaient ceux qui espéraient une Palme d’or pour "120 Battements par minute", de Robin Campillo, beau film immersif qui relate les actions des militants d’Act Up, l’association homosexuelle, dans les années 90 ravagées par le sida. Un film généreux, à l’ambition politique et romanesque qui n’est donc couronné "que" d’un Grand Prix. Petite déception.
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Petite, oui, parce que "The Square" est un grand film. Un grand film qui divise, d’aucun le trouvant trop méprisant vis-à-vis de son personnage principal (interprété par Claes Bang), un éminent directeur de musée constamment mis face à ses contradictions morales.
"Le film parle de l'hypocrisie de notre mode de vie en Occident. On se croit vertueux, on paye nos impôts mais il y a des choses qu'on ne veut pas voir", avait commenté l'acteur danois, lors de la conférence de presse.
Satire du genre humain
Le ton est à la satire, le genre humain y est étudié à la loupe, mais le propos reste toujours complexe, drôle, surprenant à la manière d’un "Toni Erdmann" - le film réserve d’ailleurs quelques séquences d’anthologie. Ruben Ostlund prend un malin plaisir à malmener ses personnages, comme, d’ailleurs, de beaucoup d’autres films de la compétition.
Et si, globalement, le cru 2017 cannois a plutôt déçu, au moins, le palmarès sonne juste et met en valeur des films, pour la plupart, passionnants – "Faute d’amour/Loveless", du Russe Andrei Zvyagintsev, Prix du Jury, en tête. Autre réjouissance, la Palme et le Grand Prix reviennent non pas à des habitués (à l’horizon, point de Haneke), mais à des cinéastes qui faisaient leurs premiers pas en compétition.
Quant aux acteurs Joaquin Phoenix et Diane Kruger, récompensés pour deux films qui n’en méritaient peut-être pas tant ("You were never really here", de Lynne Ramsay, également Prix du scénario, et "Aus dem Nichts", de Fatih Akin), ils n’ont rien volé.
La seule vraie faute de goût s’appelle Sofia Coppola, prix de la mise en scène pour "Les Proies", remake du film culte de Don Siegel de 1971. Un joli film bien fait mais parfaitement creux.
Raphaële Bouchet/jc/mcc
Le palmarès du 70e Festival de Cannes
- Palme d'or: "The Square" du Suédois Ruben Östlund
- Grand Prix: "120 Battements par minute" du Français Robin Campillo
- Prix de la mise en scène: "Les Proies" de l'Américaine Sofia Coppola
- Prix du scénario ex-aequo: "Mise à mort du cerf sacré" du Grec Yorgos Lanthimos et "You were never really here" de la Britannique Lynne Ramsay
- Prix du jury: "Loveless" ("Faute d'Amour") du Russe Andreï Zviaguintsev
- Prix d'interprétation féminine: l'Allemande Diane Kruger pour "In The Fade"
- Prix d'interprétation masculine: l'Américain Joaquin Phoenix pour "You Were Never Really Here"
- Camera d'or: "Jeune Femme" de la Française Léonor Serraille
- Palme d'or du court métrage: "Xiao Cheng Er Yue" ("Une nuit douce") du Chinois Qiu Yang
- Mention spéciale du court métrage: "Katto" ("Le plafond") du Finlandais Teppo Airaksinen
- Prix spécial du "70è anniversaire du Festival de Cannes": Nicole Kidman