Primé lors des Prix du cinéma suisse et du Tribeca Film Festival de New York, le film s’annonce d’ores et déjà comme le grand succès du cinéma suisse de l’année.
Faire d’un sujet sérieux et historique une comédie politique rondement menée? Petra Volpe, scénariste de "Heidi", grand succès suisse de 2015, avait déjà prouvé qu’elle savait allier intelligence et légèreté.
Le droit de vote des femmes, elle choisit de le raconte à travers le parcours initiatique de Nora (Marie Leuenberger), une Appenzelloise dont la conscience féministe s’éveille. Nous sommes en 1971. La Suisse s’apprête à voter pour ou contre le droit de vote des femmes.
A l’époque, les femmes n’avaient pas droit à l’indépendance financières. La loi permettait à leur mari de leur interdire de travailler. Certaines d’entre elles, sous prétexte qu’elles menaient une vie dépravée, étaient internées. C’était il y a 46 ans. Autant dire le Moyen Age.
Dans un petit village non loin d’Herisau, Nora sent bien que quelque chose cloche au royaume du patriarcat triomphant. Elle décide de s’engager pour le droit de vote, envers et contre tous, avec quelques comparses au caractère bien trempé.
Comédie subtile
Sous ses atours de comédie grand public efficace, "L’Ordre divin" s’avère bien plus subtil qu’il n’y paraît, qui évoque histoire, sexe et politique avec une bonne dose d’humour et d’insolence. Le film mélange habilement les registres, les émotions, et assume la caricature.
Petra Volpe ne fait jamais la morale, elle rappelle des faits, si effarants soient-ils, et filme avec une belle gourmandise ces femmes qui découvraient leur corps en même temps que l’euphorie de l’engagement politique et de la lutte collective.
Etant donné le succès du film, le plaisir semble communicatif et universel. Un feel good movie féministe et rassembleur? Jamais on avait vu un film suisse qui réussisse cette gageure. Les Romands lui feront-ils honneur?
Raphaële Bouchet/mcc