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Poids lourd de la culture nipponne, Godzilla fête ses 63 ans

Une statue géante de Godzilla dans le jardin botanique de Yokosuka, au Japon. [AFP - Toru Yamanaka]
Une statue géante de Godzilla dans le jardin botanique de Yokosuka, au Japon. - [AFP - Toru Yamanaka]
Le sexagénaire Godzilla, l'une des figures les plus emblématiques du cinéma japonais, est le héros de plus de 30 films, américains et japonais. Portrait d'une superstar.

Godzilla est un "Kaijū" (monstre en japonais) resté inerte depuis la préhistoire jusqu'à ce que des essais nucléaires dans le Pacifique le réveillent. C'est le producteur de films Tomoyuki Tanaka qui a eu l'idée en 1954 de renouveler le genre du "Kaiju eiga", le film de monstres. À cette époque, les traumatismes d'Hiroshima et de Nagasaki sont encore très frais dans l'esprit des Japonais. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles le film a fait un carton à sa sortie. Il sera suivi de "Le Retour de Godzilla" et de "Godzilla King Of The Monsters". Le scénario ne varie pas beaucoup: un monstre sorti de nulle part détruit complètement le ville et repart les griffes dans les poches pour se faire neutraliser ensuite par un autre "Kaijū", plus gros et plus fort que lui.

Godzilla en 1954 dans le film de Ishiro Honda. [Toho films/AFP]
Godzilla en 1954 dans le film de Ishiro Honda. [Toho films/AFP]

Un cri mythique

La technique utilisée se nomme la "Suite Motion". Il s'agit de faire tourner dans des décors en carton pâte des acteurs qui ont enfilé les costumes de leurs personnages, puis de filmer le tout au ralenti pour donner une impression de lourdeur et de gigantisme. On peut aussi utiliser des marionnettes animées ou des figurines télécommandées. Le cri si caractéristique de Godzilla, presque aussi mythique que celui de Tarzan, est obtenu en 1954 en frottant un gant de cuir couvert de résine sur une corde de contrebasse, un son passé ensuite dans une réverb.

Une rencontre avec King Kong

On trouve des tonnes de monstres dans les 30 films de Godzilla, de Mothra le papillon géant à King Ghidorah le dragon à trois têtes. Ces monstres ont des origines très variées. Ils peuvent venir de l'espace, être des divinités protectrices ou des mutants radioactifs, ils font partie du folklore asiatique. Il y a parfois des rencontres au sommet comme avec King Kong, l'une des inspirations majeures de Godzilla, mais que les Japonais trouvaient trop petits du haut de son Empire State Building. Au départ, King Kong faisait environ 7 mètres mais il a grossi au fil des films. Godzilla est passé quant à lui de 50 mètres en 1954 à plus de 150 mètres dans le dernier film.

L'affiche du film "King Kong contre Godzilla" en 1962. [Toho Company/AFP]
L'affiche du film "King Kong contre Godzilla" en 1962. [Toho Company/AFP]

Godzilla, l'écologiste

Pour les Japonais, derrière l'apparente simplicité des scénarios se cachent des films engagés et écologistes. Présenté au début comme une simple menace pour l'homme, Godzilla devient très vite le protecteur de la planète contre la folie destructrice des humains. Pour eux, il représente la manifestation de la nature à son état brut. Chez les Américains, l'homme est systématiquement une victime de la nature et Godzilla devient un sauveur involontaire. Étonnant, non?

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Par quel film commencer?

Avec 30 films japonais et 2 versions américaines, que faut-il garder? La rédaction vous conseille de commencer avec l'excellent "Godzilla Resurgence" sorti en 2016. Réalisé  juste après Fukushima, les vieux démons résonnent étrangement. Par ailleurs, le film fait la part belle à l'autodérision. Pour les amoureux du cinéma hollywoodien, le sobrement nommé "Godzilla" de Gareth Edwards sorti en 2014 est une adaptation fidèle, quoiqu'un peu moralisatrice. Deux suites, prévues pour 2019 et 2020, opposeront Godzilla au singe le plus célèbre du 7ème art, King Kong.

Quant au fameux "Godzilla" de Roland Emmerich sorti 1998 avec Jean Reno, sa maison de production a décidé de lui retirer l'appellation Godzilla à la suite de ses mauvaises critiques. Il se nomme désormais "G.I.N.O." ("Godzilla In Name Only") et "Zilla" au Japon, un monstre qui fait partie du bestiaire de la franchise. Pauvre Jean Reno!

Laurent Dormond/mh

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