Barbara est morte il y a vingt ans mais son souvenir ne faiblit pas. On a toujours l'impression qu'elle susurre ses chansons à notre oreille
Barbara, légende de la chanson française, disparaissait il y a 20 ans. Mathieu Amalric sort à cette occasion un 7e film qui est une évocation de l'icône, avec une Jeanne Balibar impériale. À voir dès le 6 septembre sur les écrans romands. Une exposition à la Philharmonie de Paris lui sera par ailleurs consacrée dès le 13 octobre.
Les origines du film
L'acteur et réalisateur Mathieu Amalric n'aurait jamais imaginé tourner le biopic d'une star. Il reprend le film sur le tard lorsqu'un ami cinéaste jette l'éponge. Lui-même a pensé abandonner le projet à maintes reprises. Pour réussir à le mener à bout, il a fallu qu'il invente "un terrain de jeu", qu'il "retourne les codes du biopic comme un gant".
Nous nous sommes créé une Barbara de fiction, parce que ni Jeanne ni moi n’avons connu ou vu Barbara sur scène.
Un film à la frontière entre réel et fiction
Voilà pourquoi "Barbara" n'a rien à voir avec les films biographiques qui pullulent sur les écrans (Dalida, Django, etc.). Et qui bien souvent ressemblent à des pages Wikipédia sagement illustrées. Ici, Jeanne Balibar, sublime, interprète non pas directement Barbara, mais Brigitte, une actrice engagée par un cinéaste (joué par Mathieu Amalric) pour tourner dans un film sur Barbara.
Une mise en abyme subtile
Film dans le film, donc. Ce procédé de mise en abyme permet de constamment mettre à distance le genre du biopic, de l'interroger, pour dire finalement qu'il est impossible de mettre en scène une histoire prétendument conforme à la réalité. Le récit est morcelé et avance par tableaux. Cela frustrera certainement ceux qui attendaient des informations très concrètes sur la chanteuse.
C'est beau, quelqu'un qui crée une mélodie, qui cherche les paroles. Ce sont ces instants-là que j'ai voulu montrer
Et c'est ce qui rend ce film si beau: il fait ressentir non pas la vérité d'une vie, mais la vérité d'une voix qui traverse le temps et qui continue, vingt ans après, de transpercer les cœurs.
Raphaële Bouchet, propos recueillis à Cannes par Philippe Congiusti/mg
je/mg
"Ma ressemblance avec Barbara, c'est juste une blague"
"Je ne ressemble absolument pas à Barbara et je n'ai absolument pas travaillé le mimétisme, raconte Jeanne Balibar. Vous me maquillez en Ava Gardner, en Audrey Hepburn ou en Bernadette Lafont – on m'a souvent dit que je lui ressemblais – cela fonctionnera de la même manière. Cette histoire de ressemblance, c'est une blague totale, c'est un effet d'illusion qu'on a fabriqué pour le film. Peut-être parce que je suis brune, d'origine juive ukrainienne, comme elle. Mais ça ne va pas chercher plus loin. Je ne lui ressemble en rien, ni dans la voix, ni dans les idées, ni dans le phrasé. Je suis restée moi-même, c'est le cœur du métier d'acteur. Après, c'est un effet de montage et de scénario."