Le clown malfaisant, le vraiment très méchant, celui qui vient hanter nos nuits, celui qui pourchasse les enfants et parfois même les mange, ce monstre-là est typiquement américain. Il occupe une place importante dans la culture populaire, des comics aux mangas, des jeux vidéos aux séries Z. C'est le croque-mitaine contemporian.
Bien sûr, les clowns assassins existent aussi dans la culture européenne, mais ils sont tragiques ou pitoyables, blessants parce que blessés, mais jamais horrifiques.
Le clown maléfique serait donc la partie la plus sombre de ce que nous sommes, celle que nous ne voulons pas voir, que nous refoulons et reportons sur d'autres: ce fameux "ça" décrit par Freud et repris par Stephen King. Quand il est cadré, le "ça" est une belle pulsion de vie; quand il n'a plus de contexte, il part en vrille.
Comment celui qui est censé faire rire et amuser les enfants peut-il se transformer en épouvantail? Deux événement ont contribué à populariser le clown maléfique.
Fait divers
Pendant six ans, entre 1972 et 1978, John Wayne Gacy, démocrate convaincu et chef d'entreprise, a attiré des adolescents dans son domicile de Chicago, les a violés, ligotés, torturés, tués puis enterrés dans son sous-sol ou jetés dans la rivière. Pour les séduire, il était déguisé en Pogo le clown. L'homme a fait 33 victimes, ce qui lui a valu une condamnation à mort en 1994. Son surnom de Clown Tueur et la médiatisation de l'affaire ont popularisé l'image du faux gentil bouffon capable des pires horreurs.
Best-seller
L'autre événement marquant, c'est le roman de Stephen King "It" publié en 1986, récit très sophistiqué qui recense un catalogue d'angoisses. Parmi elles, le clown Pennywise, une des apparences que prend Ça pour effrayer les enfants.
Best-seller international, suivi du téléfilm en 1990 qui a marqué toute une génération d'enfants, Pennywise ancre le pitre grimaçant et sadique dans la culture populaire contemporaine.
Depuis, un mot est apparu dans le dictionnaire: la coulrophobie, la peur des clowns.