Je ne crois pas trop au concept de film féminin ou masculin. Pour moi, il y a avant tout des cinéastes… Par ailleurs, considérer les films d'action comme masculins et les films intimistes comme féminins, c'est peut-être un cliché qu'il faut battre en brèche et j'y travaille.
Kathryn Bigelow est l'une des rares cinéastes à s'être consacrée à un cinéma d'habitude réservé à ses collègues masculins. De "Point Break" à "Strange Days", en passant par "Démineurs" et "Zero Dark Thirty", ses films s'appuient sur l'action plus que sur la psychologie dans des histoires dominées par la violence.
Grande admiratrice du cinéaste Sam Peckinpah, notamment son western "La horde sauvage" qu'elle présentait en personne lors de la rétrospective du festival de Locarno en 1997, Kathryn Bigelow n'a pourtant pas commencé sa carrière artistique derrière la caméra.
Née en 1951 en Californie, elle commence par s'intéresser à la peinture et étudie au San Francisco Art Institute durant deux ans. Elle obtient, à 20 ans, une bourse qui lui permet d'intégrer le collectif d'artistes avant-gardistes et conceptuels Art & Language. Elle choisit alors de bifurquer vers le cinéma et étudie à l'université Columbia, dont elle sort diplômée en 1979.
Mon passage de la peinture au cinéma a été très conscient. La peinture est une forme d'expression raréfiée qui touche une audience limitée, le film, un extraordinaire outil social qui atteint des foules énormes.