Roman Polanski revient avec "D’après une histoire vraie", un film qui sort dans un contexte très particulier, puisque le cinéaste franco-polonais a été rattrapé récemment par l’affaire Harvey Weinstein: dans la foulée des nombreuses révélations d’actrices harcelées sexuellement, une nouvelle femme a déposé plainte contre lui, ce qui porte désormais à cinq les femmes dont il aurait abusé.
Une polémique qui ressurgit au moment où la Cinémathèque française lui organise une rétrospective. Lundi soir, une centaine de personnes ont d’ailleurs manifesté contre sa venue dans le temple du cinéma d’auteur français.
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Françoise Nyssen, ministre française de la Culture, avait prévenu qu’il fallait distinguer l’homme de l’œuvre. Mais cette affaire fait beaucoup d’ombre à ce nouveau film, qui en plus n’est pas le meilleur de son auteur et c’est un euphémisme.
L'obsession du huis clos
Polanski orchestre une confrontation entre Emmanuelle Seigner, qui joue le rôle d’une auteure à succès qui n’arrive plus à écrire, et Eva Green, une bimbo vénéneuse qui va peu à peu la vampiriser. On y retrouve bien les obsessions du cinéaste, comme le huis clos, comme la frontière ténue entre fantasme et réalité, obsessions qu’il a autrefois magistralement mises en scène.
Mais ici, les deux actrices sont totalement monolithiques, et le scénario à la limite du grotesque ne provoque ni tension, ni trouble. On veut bien distinguer l’homme de l’œuvre, mais il est difficile de ne pas voir dans le personnage de l’écrivaine en panne, un autoportrait assez pathétique du cinéaste, très peu inspiré.
Raphaële Bouchet/mcc