"La Bibliothèque de New York, c'est tout ce que Trump déteste"
Se plonger durant 3h15 dans le quotidien de la Bibliothèque publique de New York et ses quelque 90 annexes réparties dans toute la ville? La proposition a de quoi rebuter. Une bibliothèque, n'est-ce pas trop calme et poussiéreux pour faire un bon sujet de film?
Frederick Wiseman démontre évidemment le contraire. Sa Bibliothèque de New York s'avère incroyablement vivante et énergique, parce que ce n'est pas seulement le lieu où l'on emprunte des livres, c'est là où l'on vient faire ses devoirs après l'école, où l'on vient écouter de la musique, des scientifiques, des poètes, des historiens, là où l'on apprend mille choses sur des thèmes aussi variés que l'esclavage, l'islam, la langue des signes ou "Alice au pays des merveilles".
Une plongée dans un lieu de culture et de diversité
Le vertige du film est là, dans cette plongée dans la création et l'intelligence. Dans cette idée qu'on a là un lieu qui contient tout ce que l'humanité a pensé depuis les débuts de son histoire. Et cette utopie concrète, Wiseman ne la montre pas en filmant des livres, mais en filmant des gens. La diversité des idées vient se refléter dans la diversité des visages.
Depuis "Titicut Follies", son premier film sorti en 1967, Frederick Wiseman filme les institutions américaines avec la même rigueur, sans interviews ni commentaire. "Ex-Libris" est sans doute son film le plus optimiste, qui propose une autre Amérique, humaniste et assoiffée de connaissance.
J'ai terminé le film deux jours après l'élection de Trump, raconte le cinéaste. C'est lui qui a rendu mon film plus politique. La Bibliothèque représente tout ce qu'il déteste, l'aide aux autres, la culture, l'ouverture sur le monde.
Raphaële Bouchet/ld