Harry Potter à l'école des sorciers

Grand Format

Warner Bros / Heyday Films / AFP

Introduction

Véritable révolution dans le monde de la littérature, Harry Potter trouve une prolongation évidente au cinéma en 2001.

Synopsis

Tout bébé, Harry Potter, orphelin, est confié à sa tante Pétunia, la sœur de sa mère et à son oncle Vernon. Une enfance à la Dickens, dans la famille Dursley. Le gamin à lunettes et aux yeux bleus passe son temps dans un placard sous l’escalier. Il a déjà quelques dons surnaturels qu’il ne maîtrise pas.

Mais alors qu’il s’apprête à fêter ses 11 ans, des choses étranges commencent à se produire. Il reçoit une lettre de Poudlard, une école de magie et de sorcellerie, qui le convie en ses murs. Mais l’Oncle Vernon confisque la lettre. Un grand vol de hiboux sonne alors l’heure des études. Les lettres arrivent par centaines.

A son anniversaire, un géant nommé Hagrid vient chercher Harry. Il lui révèle ses origines: ses parents sorciers ne sont pas morts dans un accident de voiture, mais ont été assassinés par un mage cruel: Celui dont on ne doit pas prononcer le nom.

Cet être maléfique, incapable de tuer Harry, lui a laissé une cicatrice en forme d’éclair sur le front. Enfant élu, Harry est ainsi devenu un personnage célèbre chez les sorciers.

Après l'achat de la baguette magique, d'une chouette et d'autres accessoires indispensables, direction, via un train magique, vers la célèbre école de sorcellerie de Poudlard.

Harry Potter à la gare de Londres cherche le train pour l'école des sorciers. [Warner Bros/Heyday Films/Collection Christophel]
Harry Potter à la gare de Londres cherche le train pour l'école des sorciers. [Warner Bros/Heyday Films/Collection Christophel]

Dans le train, Harry fait la connaissance de ses futurs amis, Ron Weasley, un petit roux maladroit et insolent, et Hermione Granger, simple mortelle, l’intello, délurée miss Je sais-tout.

Sous la direction des professeurs, Dumbledore et McGonnagal, Harry se consacre, en compagnie de ses amis, à l’épanouissement de ses talents de sorciers, loin du monde des moldus, les non-sorciers.

Des études qui lui seront d’autant plus utiles qu’il est appelé à affronter un sorcier versé dans la magie noire, l’assassin de ses parents, Lord Voldemort, Celui dont il ne faut pas prononcer le nom.

L'acteur Daniel Radcliffe devant une affiche du film "Harry Potter à l'école des sorciers". [Reuters - Brad Rickerby]
L'acteur Daniel Radcliffe devant une affiche du film "Harry Potter à l'école des sorciers". [Reuters - Brad Rickerby]

J.K. Rowling

L'auteur J.K. Rowling en 2000. [Keystone - Ian Torrance]
L'auteur J.K. Rowling en 2000. [Keystone - Ian Torrance]

Joanne Rowling, l’auteure de la série de romans Harry Potter, est l’incarnation d’un conte de fée à la Cendrillon. Elle est née un 31 juillet, comme son personnage d'Harry Potter, en 1965, en Angleterre. Une famille modeste dans laquelle la maman, chimiste, lit énormément.

En 1990, à 25 ans, Joanne Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester. Et c’est dans le train, reliant Manchester à Londres, alors que le train accuse un sérieux retard, qu’elle a l’idée de son personnage.

Elle imagine les aventures de Harry Potter, petit orphelin maltraité par son oncle et sa tante qui découvre, le jour de ses onze ans, qu’il est un sorcier. Elle n’a rien pour écrire, mais réfléchit, agence dans sa tête les personnages principaux en s’inspirant de ses amis, de sa famille.

Tout un univers se met en place. Elle ne sait pas encore qu’elle mettra cinq ans à bâtir le canevas du premier tome, mais elle projette d’écrire une grande saga de douze romans, qui deviendront sept volumes. Un pour chacune des années de collège que suivra Harry.

Rentrée chez elle, Joanne Rowling se jette sur des feuilles et note tout. Elle enferme ses notes dans une boîte à chaussure. Elle rédige rapidement les premiers chapitres de son futur roman. Le décès de sa mère va donner une toute autre saveur à ses premiers chapitres, ceux où elle décrit un Harry Potter orphelin.

Les choses vont de mal en pis pour Joanne Rowling. Elle est licenciée de la chambre de commerce, s’en va au Portugal où elle travaille à mi-temps et consacre de nombreuses heures au canevas original de son histoire de sorciers. C’est là qu’elle rencontre son futur mari et devient maman. Mais son mariage est un échec.

Elle rentre en Ecosse, divorcée, son bébé sous le bras, sans le sou, sans boulot, complètement déprimée. La mort de sa mère pesant encore sur son moral, tout comme sa situation pour le moins précaire.

Pour échapper à son appartement glacial, elle rédige le premier tome d’Harry Potter dans la chaleurs des pubs d’Edimbourg avec, à ses côtés, sa petite fille assoupie dans sa poussette.

Un succès planétaire

En 1995, "Harry Potter à l’école des sorciers" est terminé. La romancière en herbe subit neuf renvois mais finit par être publiée par Bloomsbury en 1997. Le 26 juin. 1000 exemplaires. Un tout petit tirage.

L’éditeur lui demande toutefois de transformer son nom de Joanne en initiales, pour ne pas effrayer quelques jeunes futurs lecteurs masculins qu’un prénom féminin sur un livre de fantasy pourrait rebuter. Elle devient J.K. Rowling, le K pour Kathleen, le deuxième prénom de sa grand-mère.

Et là, le bouche-à-oreille fait son œuvre. Un enthousiasme souffle dans les cours de récréation. Le livre fait un carton, pas seulement chez les enfants, mais aussi chez les adolescents et les adultes.

Un vrai conte de fée

L’univers de Rowling est irrésistible. Les lecteurs s’y sentent chez eux. J.K Rowling a fusionné brillamment deux grandes traditions de la littérature enfantine anglaise: les récits de collège dont Kipling fut un des fondateurs et les épopées magiques héritées de la tradition arthurienne via J.R.R. Tolkien. L’engouement devient bientôt planétaire.

Très vite, J.K. Rowling peut se consacrer uniquement à l’écriture. Elle devient millionnaire en 1999, deux ans après la parution du premier tome des aventures de son petit sorcier. Elle est actuellement la plus grosse fortune d’Angleterre, devant Madonna et la reine Elizabeth.

Elle s’est remariée et a eu deux autres enfants. Aujourd'hui, elle consacre une grande partie de sa fortune à aider les plus démunis et les mères célibataires.

Une jeune lectrice présente "Harry Potter à l'école des sorciers". [AFP - Mychele Daniau]
Une jeune lectrice présente "Harry Potter à l'école des sorciers". [AFP - Mychele Daniau]

Nous n’avons pas besoin de magie pour changer notre monde; nous possédons déjà en nous la force nécessaire.

J.K. Rowling, auteure de la série Harry Potter

Potter et Hollywood

La gloire de Harry Potter écrase absolument tout sur son passage. On y trouve, savamment dosés, les ingrédients de plusieurs siècles de contes passés de l’oral à l’écrit et certaines réalités sociales et préoccupations des adolescents vivants dans notre société.

L’école que fréquente Harry, Poudlard, Hogwart en anglais, avec ses quatre maisons, Gryffondor, Serpentard, Serdaigle, et Poufsouffle est copiée sur Oxford et Cambridge.

Un film qui doit rester fidèle au livre

Cet univers, et le succès qui va avec, ne peuvent que provoquer l’envie chez les producteurs de films. Hollywood frétille très rapidement. En 1997, David Heyman, un producteur anglais qui vient de fonder Heyday Films est enthousiasmé par le lecture du roman. Reste à convaincre l’auteur qui jusqu’ici a toujours refusé de céder les droits de son histoire. Elle ne veut vendre qu'à un studio qui se montrerait fidèle au livre. Pour l’instant, on ne lui a proposé que de transférer son histoire aux Etats-Unis.

David Heyman rencontre l’auteure à une fête pour la sortie du livre. Il lui promet de rester fidèle à sa vision et lui permet d’intervenir sur le scénario, sur le casting, sur toute la chaîne de production. Elle finit par accepter et vend les droits cinématographiques d'Harry Potter à David Heyman.

L'acteur Daniel Radcliffe qui joue Harry Potter et le réalisateur Chris Columbus en août 2000. [Reuters - Jonathans Evans]
L'acteur Daniel Radcliffe qui joue Harry Potter et le réalisateur Chris Columbus en août 2000. [Reuters - Jonathans Evans]

La Warner Bros étudie toutes les candidatures, Steven Spielberg en tête. Mais Spielberg veut un film entièrement réalisé en images de synthèse et transposé en Amérique. Ça ne va pas. J.K. Rowling est inflexible: fidélité au texte et des comédiens 100% britanniques. Harry restera en Angleterre, là où les collèges ont des tours gothiques, où les gosses portent la toge, et où la pluie rend l’herbe toute verte.

Chris Columbus à la réalisation

Très vite, à la Warner on se rend compte qu’à la réalisation, il faut un professionnel, mais surtout pas un auteur imposant une vision trop personnelle. On engage Chris Columbus, à qui l’on doit "Maman j’ai raté l’avion" et "Madame Doubtfire". L’homme est un pur produit de studios, sans patte propre, sans univers propre.

>> A écouter: L'émission "Travelling" consacrée au film :

Harry Potter à l'Ecole des sorciers. [AFP - WARNER BROS / HEYDAY FILMS / COLLECTION CHRISTOPHEL]AFP - WARNER BROS / HEYDAY FILMS / COLLECTION CHRISTOPHEL
Travelling - Publié le 17 décembre 2017

Préproduction

"Harry Potter" est un film de studio brillant qui démontre que le savoir-faire n’est pas que l’ennemi de l’invention et de la fantaisie. Un succès pour les producteurs effectivement, particulièrement pour David Heyman et pour la Warner.

L’adaptation est confiée a une figure-clé: Steve Kloves. C’est lui qui assumera seul l’écriture de toute la saga, à l'exception d'un épisode.

Le scénariste rencontre alors l’écrivain aux studios Warner. ll lui promet qu'il ne touchera à rien des caractéristiques principales des personnages. Steve Kloves commence à écrire. Il pense avoir une marge de manœuvre. Mais que nenni, car entre temps, "Harry Potter" est devenu un véritable succès d’édition.

Le 25 décembre 2000, le petit sorcier fait la Une du Time. Les romans sont déjà traduits en 42 langues et vendus à 76 millions d’exemplaires. Le livre de fiction est désormais livre sacré. Les fans exigent une adaptation cinématographique fidèle au texte.

Harry Potter est ce gamin que nous connaissons tous, à part. Ces gosses sont des outsiders. Et l’on peut s’identifier à eux. En tous cas, moi je m’identifiais à eux.

Steve Kloves, le scénariste des films d'Harry Potter. Propos publiés dans le "Monde Magazine" en 2011

Le casting

Le choix des enfants est l’objet de toutes les attentions. Des milliers de candidats se pressent au portillon. 16'000 enfants, rien que pour le rôle de Harry.

Après une année infructueuse, Chris Columbus tombe sur une cassette de David Copperfield et enjoint le producteur David Heyman à la regarder. Dedans, il y un gamin qui pourrait être Harry Potter. Il se nomme Daniel Radcliffe. C’est un enfant ordinaire dans une ville ordinaire, qui mène une vie ordinaire.

Le producteur, tout comme Chris Columbus, s’arrangent pour croiser, par hasard, la famille Radcliffe au théâtre. David est là aussi avec ses parents. Chris Columbus et David Heyman tombent sous son charme. Pas de doute, c’est lui Harry, avec sa petite tête brune, ses cheveux en bataille, et surtout ses lunettes rondes qu’il porte depuis longtemps.

Mais ses parents sont fermement opposés au projet, car ils savent que les mêmes acteurs devront faire minimum trois films, peut-être même plus, puisque les sept livres doivent être adaptés. Pour les interprètes, cela représente une obligation qui durera des années. Mais ils finissent par céder.

Les trois principaux acteurs du film "Harry Potter à l'école des sorciers": Rupert Grint, Daniel Radcliffe et Emma Watson (de haut en bas). [Reuters/Warner Brothers - Terry O'Neill]
Les trois principaux acteurs du film "Harry Potter à l'école des sorciers": Rupert Grint, Daniel Radcliffe et Emma Watson (de haut en bas). [Reuters/Warner Brothers - Terry O'Neill]

A ses côtés, on caste Rupert Grint et Emma Watson pour les rôles d’Hermione et de Ron. Emma Watson est la fille d’un couple d’avocats londoniens divorcés. Dès l’âge de 6 ans, elle sait qu’elle veut devenir actrice. Son école au nom prédestiné, la Dragon School d’Oxford, la présente au casting. Le parcours est à peu près identique pour Rupert Grint.

Harry Potter doit une bonne part de son succès mondiale à son caractère ultra-britannique. Face aux gamins, on convoque alors la fine fleur du théâtre et du cinéma britannique: Richard Harris, Maggie Smith, Fiona Shaw, John Hurt, Richard Griffiths, John Cleese.

"Richard Harris, c’était un peu mon parrain, mon père était son agent dans les années 1960. Je lui ai proposé le rôle de Dumbledore et il a répondu non. Et sa petite-fille lui a dit: si tu ne dis pas oui, je ne te parlerai plus jamais."

David Heyman, producteur du film

Le tournage

Le tournage a coûté 120 millions de dollars. Les décors très réussis installent tranquillement ce mélange de normalité et de magique. Ils sont construits à Leavesden au nord de Londres.

Une dizaine de directeurs artistiques chapeautent le projet, des centaines de petites mains oeuvrent alors pour la préparation des costumes, des potions, des artefacts, des bonbons, des êtres imaginaires, de la chambre sous l’escalier, du dortoir. Sculpteurs, menuisiers, électriciens, techniciens, éclairagistes, couturiers, plasticiens, designers, graphistes, peintres, dresseurs d’animaux, cuisiniers, sculpteurs, tous sont mis à contribution pour recréer l’univers magique de Harry Potter.

Dans la journée, sur les 9 heures et demie que passe un enfant sur le plateau, trois sont dévolues à l’étude. Il faut aussi prévoir une heure pour manger, une pause d’un quart d’heure toutes les heures. Au final vous ne pouvez utiliser vos acteurs que 4 heures et demie par jour. C’est pire que de travailler avec Jack Nicholson

Chris Columbus, réalisateur du film "Harry Potter à l'Ecole des sorciers"

Sortie du film

Harry Potter sort aux Etats-Unis en décembre 2001 avec une combinaison record de 8'200 écrans, soit un quart des écrans du pays. Le film empoche 300 millions de dollars sur ses deux premières semaines d’exclusivités américaines. Le monde entier suit.

Des flots de fans se ruent dans les cinémas pour assister à la magie des sorciers sur grand écran. Les attentes sont grandes, mais J.K. Rowling a veillé au grain. C’est bien son livre que l’on retrouve à l’écran. A Londres, lors de la Première, les enfants du film sont complètement hystériques. La foule est hystérique. Daniel Radcliffe est submergé d’émotion. Emma Watson en profite pour saluer sa famille.

Le film rencontre un succès considérable. Il est nominé aux Oscars dans trois catégories, mais ne reçoit aucun prix. Peu importe. L’aventure continue. Huit films en tout seront tirés des sept livres de la saga.

L'affiche du film "Harry Potter à l'école des sorciers". [Warner Bros/Heyday films/Collection Christophel/AFP]
L'affiche du film "Harry Potter à l'école des sorciers". [Warner Bros/Heyday films/Collection Christophel/AFP]

Crédits

Proposition et texte: Catherine Fattebert

Réalisation web: Andréanne Quartier-la-Tente

RTS Culture

 Décembre 2017