J.K. Simmons a reçu un Oscar pour son rôle dans "Whiplash". Dans "Counterpart", il n'assure pas seulement le rôle principal, mais les deux rôles principaux. Comme Ewan Mac Gregor et James Franco avant lui, c'est à son tour de camper deux personnages, et de révéler toute l'étendue de son talent.
Une série qui mêle les styles
"Counterpart", un thriller multi-genres porté par une science-fiction légère – sans vaisseaux spatiaux – qui sert de prétexte à la trame, très originale. La série se déroule à Berlin, et s'ouvre sur le quotidien monotone d'Howard Silk.
Cet homme d'une soixantaine d'années est l'employé d'une énorme agence protégée par un portique de contrôle à cartes. Lorsqu'il l'a passé, Howard se change, et enfile un costume gris, austère, le même que ses collègues autour de lui, puis pénètre dans un minuscule bureau coupé en deux par une vitre. De l'autre côté de la vitre, un homme en costume noir s'assied. Ils échangent quelques phrases codées qui ne veulent rien dire. Ni pour le spectateur, ni pour eux. C'est un job très étrange. Et pourtant ça fait 30 ans qu'Howard s'y colle.
La série nous montre pendant un quart d'heure à quel point sa vie est monotone et ennuyeuse... lorsqu'un twist inattendu surgit!
Entre deux mondes
Howard Silk est convoqué dans le bureau de la direction, où il rencontre son double. Son counterpart. On lui explique brièvement que, 30 ans auparavant, pendant la guerre froide, des savants un peu fous ont fait une expérience qui a mal tourné. Suite à cela, un passage a été ouvert vers un monde parallèle. Un monde identique au nôtre, dans lequel on a tous un double qui vit à peu près la même vie que nous.
L'endroit où travaille Howard est en réalité le lieu de passage et d'échange entre les deux mondes. C'est bien sûr une information ultra-secrète qu'on lui confie, peu de gens sont au courant pour "l'autre côté".
Son double est un espion. Il lui ressemble physiquement, en tous points. Mais psychologiquement, il est à l'exact opposé. Autoritaire, puissant et ambitieux, l'autre Howard a néanmoins besoin de son homologue pour une mission délicate. Ils vont devoir faire équipe pour affronter un tueur, qui se balade également entre les deux mondes.
Un J.K. Simmons impressionnant
La science-fiction donne un angle à la trame d'espionnage, mais la dimension métaphysique est aussi intéressante. Comment le double d'Howard a-t-il pu devenir celui qu'il est, si différent de lui, alors qu'ils partagent le même ADN? Ils ont vécu la même enfance, la même adolescence, la même vie jusqu'à l'âge de 30 ans. Et ensuite, ils ont pris deux chemins différents, lorsque le monde parallèle avec les doubles s'est créé.
La série nous renvoie donc à nos choix et à nos rencontres qui ne cessent de nous façonner tout au long de notre vie. Un thème très intéressant. Visuellement, la série n'est pas mal non plus. La réalisation, classique, colle parfaitement à cette science-fiction mature. Mais ce qui impressionne surtout, c'est la performance de J.K. Simmons. Il réussit sans artifices ni déguisement à camper deux personnages complètement distincts. Tout est dans la posture et le ton de la voix.
Crystel Di Marzo/ld