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Le film "Jusqu'à la garde" présente un sujet tabou sous forme de thriller

Cinéma: Xavier Legrand réalise un film exceptionnel sur les violences conjugales
Cinéma: Xavier Legrand réalise un film exceptionnel sur les violences conjugales / 19h30 / 2 min. / le 20 février 2018
Xavier Legrand s’attaque à la violence conjugale dans son premier long-métrage "Jusqu’à la garde", à découvrir dans les salles romandes. Le réalisateur français s’immisce dans l’intimité d’un couple en plein divorce.

"Tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups d’un homme en France." Par ces mots, Xavier Legrand résume parfaitement sa volonté de combattre caméra au poing un sujet de société, dont on ne parle pas assez: la violence conjugale. Dans son premier film "Jusqu’à la garde", le jeune réalisateur français raconte le combat d’une femme qui veut éloigner son fils de son futur ex-mari.

La plongée dans l’intimité est directe, les premières secondes glissent malicieusement le spectateur dans le bureau de la juge. L’affrontement entre les avocats débute pour savoir si Myriam Besson, jouée par Léa Drucker, obtiendra la garde exclusive de Julien, 11 ans, afin de le protéger des (supposés) coups de son père, Antoine Besson, incarné par Denis Ménochet.

Rencontre avec les victimes

La peur prédomine pendant tout le film. Xavier Legrand le confirme à la RTS: "C’est la colonne vertébrale, l’émotion majeure, celle que j’ai cherchée durant toute l’écriture du scénario." Ce sentiment, le réalisateur l’a découvert auprès des victimes de ce sujet tabou. En effet, il a rencontré des personnes qui ont subi des violences, mais également les coupables, afin de comprendre la nature de ce comportement.

Ces rencontres ont permis de découvrir un père, Antoine. Par moment, l'empathie prend le dessus. Le téléspectateur se sent comme le voisin de palier: tant que rien n’a été vu, personne n’ose prendre le parti de personne. Xavier Legrand joue sur cette ambigüité: "J’avais envie de montrer un homme, pas un monstre pervers et narcissique que l’on retrouve chez les personnes violentes."

Julien, incarné par Thomas Gioria, est, malgré lui, au centre du scénario. L’enfant est déchiré entre ses deux parents. "Il développe un système d’hyper vigilance afin que son père ne rencontre pas sa mère. Il devient un petit soldat, une charge lourde pour de maigres épaules", ajoute le réalisateur de "Avant que de tout perdre", César du meilleur court-métrage, qui avait déjà réuni Léa Drucker et Denis Ménochet.

>> Ecouter l'interview du réalisateur dans le 12h30 :

Le réalisateur français Xavier Legrand. [Reuters - Alessandro Bianchi]Reuters - Alessandro Bianchi
L'invité du 12h30 - Le réalisateur Xavier Legrand présente son film "Jusqu'à la garde" / L'invité du 12h30 / 12 min. / le 21 février 2018

"Je suis là pour questionner"

Malgré ce long-métrage dont le sujet principal est la violence conjugale, Xavier Legrand évite de juger. "Je ne suis pas là pour ça. Je suis juste là pour questionner et montrer que finalement, ce sont des êtres humains et que l’on ne naît pas avec ce gêne. Par contre, je prends parti contre les hommes violents, je ne peux absolument pas cautionner ça", conclut-il.

Des paroles qui doivent rappeler des chiffres éloquents datant de 2016: en France, une femme meurt deux jours et demi sous les coups d’un homme. En Suisse, trois personnes disparaissent tous les deux mois.

"Jusqu’à la garde" a été récompensé par deux prix à la Mostra de Venise 2017: meilleur réalisateur et meilleur premier film.

Sujet radio: Yves Zahno

Adpatation web: Jeremy Damon

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