Dès les premiers plans, Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) a un regard de chien battu. Parce que sa femme (Vanessa Paradis) le jette et qu’il n’y oppose aucune résistance. Ici, donc, le chien ne mord pas. Il est fidèle, soumis, obéissant jusqu’à l’abnégation.
"Chien", c’est l’histoire d’un homme déclassé, qui perd tout avant d’être recueilli par un maître-chien (Bouli Lanners). On est loin de "Didier" (1997), la comédie d’Alain Chabat, qui lui aussi se prenait pour un chien. Samuel Benchetrit, dont l’humour est plus absurde que potache, livre un drame social. Et la métaphore animale traduit le mal-être grandissant de son personnage.
Fable d'une société déshumanisée
L’histoire se déroule dans des décors ternes et anonymes qui dépeignent une société déshumanisée. Le chien Vincent Macaigne, qui sait jouer autre chose que les losers hystériques, se soustrait donc au monde et redéfinit son territoire. Il fait de la soumission totale une utopie étrange et personnelle, et c’est en cela que le film dérange.
Dénué de psychologie et d’explications sociologiques, le film surligne malheureusement son propos par la musique et ses effets de mise en scène. Mais la fable reste poignante, et on se prend d’affection pour cet homme chien que même la caméra observe comme une bête curieuse.
Raphaële Bouchet/mcc