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Frédéric Mermoud: "J’ai pris leur délire au sérieux"

Sirius [RTS/CHRISTIN Philippe]
L'ordre du temple solaire, comment raconter cela au cinéma? / Nectar / 53 min. / le 13 mars 2018
Dans "Sirius", qui s'inscrit dans la collection "Ondes de choc", le cinéaste suisse Frédéric Mermoud met en scène le drame de la secte de l’Ordre du temple solaire, dont les suicides collectifs avaient profondément choqué en 1994.

Comment mettre en images un fait divers tragique? Dans la collection "Ondes de choc", les quatre cinéastes de Bande à part apportent chacun une réponse singulièrement différente. Ursula Meier traite d’un parricide ("Journal de ma tête"), Lionel Baier s’est lointainement inspiré du sadique de Romont ("Prénom Mathieu"), Jean-Stéphane Bron du drame de l’A1 ("La Vallée") et Frédéric Mermoud, donc, de l’Ordre du temple solaire.

>> A écouter: le reportage de Raphaële Bouchet sur le tournage du film "Sirius" :

2017. Sirius [RTS/CAPTURE D'ECRAN]RTS/CAPTURE D'ECRAN
Frédéric Mermoud sur l’Ordre du temple solaire: "J’ai pris leur délire au sérieux" / RTSCulture / 23 min. / le 13 mars 2018

L’affaire est complexe et des zones d’ombre demeurent. Cinq morts au Québec, en 1994. Puis quarante-huit morts en Suisse, à Salvan et à Cheiry. Seize morts dans le Vercors l’année suivante. Et cinq encore au Québec en 1997. Dans sa fiction, Frédéric Mermoud se concentre sur la Suisse. Il transpose le drame à Villars, dans les Alpes vaudoises, et resserre son récit autour des cinq jours qui ont précédé le drame.

Le gourou s’appelle Georges (Carlo Brandt). Avec sa douce et redoutable compagne, Claude (Dominique Reymond), il orchestre un funeste voyage vers l’étoile Sirius.

Se suicider pour renaître ailleurs, sur une étoile, dans l’espoir d’une vie meilleure, est une idée totalement vertigineuse. On est entre la croyance infrangible, le rêve enfantin et le délire.

Frédéric Mermoud

Pour le cinéaste, cette affaire est devenue un espace de projection. "Au moment où tout a éclaté, on voyait ces images presque ridicules de capes rouges, de calices mêlées à des icônes égyptiennes. La secte donnait l’impression d’un grand gloubi-boulga esthétique. Je me suis dit qu’il fallait faire très attention à ne pas les ridiculiser, qu’il fallait montrer ce qui nous rapproche d’eux, pas ce qui nous en distancie. Ma question de départ était celle-ci : qu’est-ce qui fait qu’à un moment, on peut adhérer à un récit au point de perdre sa propre liberté? Qu’est-ce que cette secte raconte de nos peurs et nos doutes contemporains?"

Raphaële Bouchet/mcc

"Sirius", mercredi 14 mars à 20h15 sur RTS1.

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