"Barry" est une création de Bill Hader, un ancien de la mythique émission de NBC "Saturday Night Live", que l’on a vu dans une kyrielle de comédies, §et d’Alec Berg, producteur de "Silicon Valley". Le duo propose une fiction hyper originale, lancée par un pilote parfait à la trame complètement folle.
Pilote tonitruant
Barry, ancien soldat, est tombé en dépression lorsqu'il est rentré d’Afghanistan. Grâce à un ami de son père qui l'a pris sous son aile et fait travailler avec lui, Barry a gentiment pu remonter la pente. Son boulot consiste à exécuter des gens. Comme c'est sa spécialité, il est devenu tueur à gages. Un métier qui ne le rend pas heureux: très solitaire, il rentre chez lui seul après ses missions, joue seul à des jeux vidéo, mange seul, et dort seul pendant 12 heures d'affilée. Pour tenter de l'égayer un peu, son boss l'envoie sous le soleil de Los Angeles, régler une affaire pour des Tchétchènes qui veulent buter un type.
Scénario inattendu
L'homme qui doit être tué a couché avec la petite amie du chef tchétchène; une très mauvaise idée. Barry va suivre sa cible le soir venu, dans l'optique de l'assassiner, mais les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu. Le tueur à gages se retrouve catapulté dans une troupe d'acteurs amateurs, et l’homme qu'il doit abattre lui demande de lui donner la réplique pour une scène. Devant tout le monde. Evidemment, Barry est extrêmement nul, toutefois on l'encourage à revenir le lendemain, avec un monologue.
Il est également invité à aller boire un verre avec la troupe après le cours, et découvre des personnes fascinantes. Passionnées. Drôles. Tout ce qu'il n'est pas. Barry se fait happer par un univers inconnu qui le chamboule profondément. Il se dit qu'il pourrait peut-être faire autre chose de sa vie que de tuer des gens.
Et l’homme qu’il devait éliminer?
Rien ne sera révélé ici, mais ce qui est certain, c'est que les Tchétchènes qui l'ont engagé le surveillent de très près. Ça apporte de la tension, et c'est assez rare dans ce genre de fiction. Cependant, "Barry" ne ressemble à rien d'autre. La comédie se révèle réaliste et improbable en même temps. Sombre et drôle à la fois. L'humour pince-sans-rire, parfois noir, réside dans les situations incongrues, ainsi qu’à travers les dialogues de personnages hauts en couleur qui fréquentent le cours de théâtre.
Des seconds rôles qu'on aime instantanément: la femme très sûre d'elle, égocentrique, qui parle super vite et continuellement. Sa copine qui répète bêtement tout ce qu'elle dit, ou encore le prof de théâtre, franc et tyrannique juste comme il faut, campé par Henry Winkler aka "Fonzie" dans "Happy Days". Il est parfait en acteur-gourou. Tout comme Bill Hader, qui excelle dans le rôle du mec dépressif. On ne peut s’empêcher de ressentir une énorme empathie pour cet antihéros décalé.
Un sans-faute pour "Barry"?
Pour l'instant en tout cas. L'histoire se met en place gentiment et intelligemment. On ne sait absolument pas comment la série va évoluer et c'est d’ailleurs sa force. Elle peut partir dans tous les sens. HBO mise, et dépense, énormément sur ses grosses productions comme "Game of Thrones" ou "Westworld", mais ses "petites" séries de 30 minutes sont souvent de réelles pépites. "Barry" en est la preuve.
Crystel Di Marzo/jd