S'il fallait résumer le tribut de Carole Roussopoulos (1945-2009) à l'histoire contemporaine, on dirait que la vidéaste a éclairé pendant quatre décennies tous les angles laissés pour morts par les médias traditionnels.
Dans les années 1970, elle a documenté toutes les luttes qui, aujourd'hui, paraissent acquises: le droit des femmes à disposer de leur corps, de leur argent et de l'espace public. Elle a accompagné les grands mouvements d'émancipation, des femmes, bien sûr, mais aussi des homosexuel(le)s et des noirs. Elle a aussi fait entendre les ouvrières de chez Lip, les prostituées lyonnaises ou les mères de militants basques exécutés par le régime franquiste.
>>> A regarder, les ouvrières de chez Lip:
Elle l'a fait avec l'énergie et l'insolence des pionnières.
Je pense que c’est la décennie la plus heureuse de ma vie. Tout était formidable. Le monde nous appartenait et nous le refaisions.
Dans les années 1980, Carole Roussopoulos continue son exploration des sujets ignorés (pauvreté extrême, sans-abris, toxicomanie, prisons) et commence sa série sur l’inceste.
De retour dans son Valais natal dix ans plus tard, elle s'intéresse aux nouveaux tabous: les violences conjugales mais aussi le sort des personnes âgées, des malades en fin de vie et du handicap.