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Censuré pour lesbianisme, "Rafiki" sera projeté à Cannes

Wanuri Kahiu, la réalisatrice de "Rafiki", film kényan présenté à Cannes. [AP/Keystone - Ben Curtis]
"Rafiki", premier film kényan sélectionné au festival de Cannes / Le 12h30 / 1 min. / le 9 mai 2018
Sélectionné dans la catégorie "Un certain regard", le long métrage kenyan "Rafiki" sera projeté mercredi au Festival de Cannes. Les autorités du Kenya, pays jamais représenté à Cannes, ont censuré le film l'accusant de promouvoir la cause lesbienne.

Adapté d'un roman de l'Ougandaise Monica Arac Nyeko, "Rafiki", qui signifie "ami" en Swahili, raconte une histoire d’amour entre 2 jeunes femmes à Nairobi alors que leurs pères respectifs sont opposants politiques. Un amour interdit aux allures shakespeariennes.

Premier film kenyan à Cannes

L'annonce de la sélection du film à Cannes a d'abord été saluée par les autorités, faisant même la fierté de tout un peuple. Ils y voyaient alors une formidable vitrine pour le cinéma kenyan. Quelques jours plus tard, l'instance de régulation de l’audiovisuel interdisait la diffusion de ce film au Kenya.

Sa réalisatrice, Wanuri Kahiu, pourrait même être emprisonnée si elle en fait la promotion, l'homosexualité étant un crime passible de 14 ans de prison dans le pays, selon une loi qui date de l'époque coloniale.

Dans le silence

Peu de réactions suite à cette décision de censure, car au Kenya on ne descend pas dans la rue pour défendre les droits des gays. Selon le président lui-même, les Kenyans n’ont que faire des droits des homosexuel.le.s.

Wanuri Kahiu dénonce quant à elle la monté de l’homophobie en Afrique de l'Est, rappelant que l'Ouganda, pays voisin, s’apprête à adopter une loi nommée "Tuons les gays".

Charlotte Simonart/mcc

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L'homosexualité au Kenya

Toujours sous le coup des lois datant du colonialisme britannique, l'homosexualité reste illégale au Kenya, même si la Constitution moderne, adoptée par référendum en 2010, sert aujourd'hui de base aux militants qui défendent les droits des homosexuel.le.s.

Les articles de loi qui se réfèrent à "des actes contre nature" sont particulièrement utilisés contre les minorités sexuelles. "Notre action en justice représente un défi constitutionnel à la légalité de ces lois", déclare Waruguru Gaitho, une avocate de la Commission nationale des droits de l'homme pour les gays et lesbiennes (NGLHRC), cité par l'AFP.

Les juges saisis par l'ONG ne se sont pas encore prononcés et la menace d'une peine de quatorze ans de prison continue de peser sur les lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transgenres kenyans qui seraient surpris par la police ou dénoncés par leur voisinage.