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Asghar Farhadi: "Les affects de l'espagnol sont proches du persan"

Le réalisateur Asghar Farhadi entouré des acteurs Penelope Cruz et Javier Bardem sur le tapis rouge du 71e Festival de Cannes. [AFP - Mustafa Yalcin / Anadolu Agency]
Le réalisateur Asghar Farhadi entouré des acteurs Penelope Cruz et Javier Bardem sur le tapis rouge du 71e Festival de Cannes. - [AFP - Mustafa Yalcin / Anadolu Agency]
"Everybody knows", de l'Iranien Asghar Farhadi, a fait mardi l'ouverture du 71e Festival de Cannes et est sorti en salle. Le cinéaste a tourné son film en Espagne, avec deux icônes du cinéma espagnol Penelope Cruz et Javier Bardem.

Oscarisé deux fois, pour "Une Séparation" et "Le Client", multirécompensé à Cannes, le cinéaste a tourné "Everybody knows" en Espagne, avec deux stars du cinéma espagnol – et mondial.

"Everybody knows" se déroule dans un petit village de Castille. Tout le monde se connaît, tout le monde s'épie. Laura (Penelope Cruz), établie en Argentine, retourne sur les lieux à l'occasion du mariage de sa sœur. Le soir des noces, sa fille disparaît. Elle tente de la retrouver avec l'aide de Paco (Javier Bardem), son amoureux d'antan.

Un film en espagnol

Asghar Farhadi porte ce projet depuis des années. "L'Espagne est un pays fascinant, du moins pour nous, les Iraniens. Peut-être est-ce les couleurs, la lumière, peut-être est-ce les Espagnols eux-mêmes, qui incarnent à nos yeux la joie de vivre. Pour avoir vécu en Espagne, l'impression que j'ai, c'est que les Espagnols ont réussi à atteindre cet équilibre particulier entre une certaine tradition et la modernité."

Comme pour "Le Passé" (2012), qu'il tournait en France et en français, Asghar Farhadi a dirigé des comédiens dont il ne maîtrisait pas la langue.

"J'ai l'impression que l'espagnol est beaucoup plus proche du persan que le français. C'est complètement subjectif, mais il me semble que l'espagnol exprime les émotions de façon plus directe. Dans sa musique, aussi, qu'il y a quelque chose d'un affect qui est compris dans la mélodie de la langue. Et ça, pour moi qui ai une oreille étrangère, ça m'a beaucoup aidé. Mais il n'y a pas que les mots. Il y a la mélodie, le souffle, tout ce qui n'est pas dit. Et cela m'est perceptible."

>> Ecouter l'interview d'Asghar Farhadi dans "Nectar" :

Le réalisateur Asghar Farhadi au 71e Festival de Cannes. [AFP - Dave Bedrosian / Geisler-Fotopress]AFP - Dave Bedrosian / Geisler-Fotopress
Cannes: Premiers échos de La Croisette avec Asghar Farhadi / Nectar / 55 min. / le 10 mai 2018

Asghar Farhadi savait dès le départ que le public viendrait voir Penelope Cruz et Javier Bardem et qu'il les verrait eux plutôt que leur personnage respectif. "Il fallait que je trouve un moyen rapide de les faire dépasser cette dimension de dorure. Et le choix que j'ai fait, c'est de les placer très rapidement dans des gestes quotidiens, qu'on n'a pas l'habitude de voir de la part de superstars. Ils étaient d'ailleurs très désireux de proposer une interprétation réaliste et proche de la vie."

Raphaële Bouchet/ld

>> Lire le dossier consacré au 71e Festival de Cannes : Toute l'actualité du 71e Festival de Cannes

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