Premier film de la cinéaste suisse Anja Kofmel, "Chris The Swiss" se met au service d’une histoire qui se présente comme une enquête policière.
Nous sommes en janvier 1992. En plein conflit yougoslave, Chris, jeune journaliste suisse, est retrouvé assassiné dans de mystérieuses circonstances, vêtu de l’uniforme d’une milice étrangère. La famille demande le rapatriement du corps ainsi que ses effets personnels.
Le meurtre de Chris a profondément marqué l'enfance d'Anja qui n'avait que dix ans. Devenue adulte, elle décide d'enquêter pour découvrir et comprendre ce qui s’est passé.
Le monde brutal des mercenaires
Premier constat: Chris a été étranglé, donc assassiné. Et puis surtout, il y a deux noms qui sautent aux yeux de la réalisatrice: Eduardo Flores alias Chico, fondateur d'un groupe de mercenaires appelés PIV que Chris avait rejoint, et Carlos, un terroriste emprisonné.
L'enquête débute par Carlos qui lui apprend que son cousin était un agent secret. Son métier de journaliste reporter de guerre n’était qu’une couverture. Elle comprend alors pourquoi la Suisse a fermé les yeux lorsque Chris, âgé de 17 ans, s’engage dans les forces spéciales en Namibie.
L'enquête a amené la jeune cinéaste à rencontrer divers témoins du passé, d'anciens collègues du travail de Chris, aussi bien des journalistes que des combattants étrangers.
Qui était Chris?
Les anciens mercenaires témoignent à visage découvert et expliquent le rôle de Chris, un jour journaliste, le lendemain mercenaire.
Les carnets de note de son cousin lui permettent de reconstituer pas à pas le quotidien des reporters spécialisés sur la ligne de front et plonge le spectateur dans la complexité de la guerre civile en ex-Yougoslavie.
Dans certaines images, il dit sa fascination des armes et puis arrive le moment où Anja Kofmel découvre la raison de l’assassinat de Chris par les mercenaires du PIV: ce groupuscule était financé par l’organisation catholique Opus Dei.
La guerre s’éclaire sous un jour nouveau, avec des témoignages qui dévoilent ce qu’elle était réellement. Le tout dans un documentaire remarquable avec un semblant de poésie apporté par les parties en animation 2D en noir et blanc.
Le film mériterait sans doute une Caméra d'Or, remise par Ursula Meier.
Philippe Congiusti/mcc
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