"Patrick Melrose", une mini-série dramatiquement drôle

Casting luxueux pour cette co-production entre l'américaine Showtime et l'anglaise Sky: en premier plan, dans le rôle de Patrick Melrose, le très coté Benedict Cumberbatch qui en ce moment est à l'affiche du film "Avengers: Infinity of War". Il est entouré de Jennifer Jason Leigh et d'Hugo Weaving, qui campent les parents indignes de Patrick Melrose.

Un patchwork temporel

Patrick Melrose est un dandy aristocrate qui a quelques problèmes d'addiction suite à une enfance malheureuse. C'est ce qu'on apprend lors de la première heure de cette mini-série qui s'articule comme un patchwork temporel.

Le premier épisode se déroule en 1980, à New York. Patrick apprend la mort de son père et fait le voyage de Londres à la grande pomme, dans un état déplorable. Il n'est pas triste à l'idée de récupérer les cendres de son paternel, mais il s'est mis dans la tête, quelques heures plus tôt, d'arrêter l'héroïne. Il pensait que ce serait facile, en compensant avec beaucoup d'alcool et de cachets, mais c'est une véritable épave durant tout le séjour.

A New York, il a rendez-vous avec une vieille amie de la famille, mais il est incapable de tenir la discussion, et quand il s'échappe pour aller aux toilettes, il s'effondre dans le couloir. Parallèlement à ces scènes de décrépitude physique, de rapides flash-back montrent Patrick durant son enfance en compagnie d'un père tyrannique et violent, et d’une mère complètement paumée.

Sombre et drôle à la fois

Chaque épisode raconte une époque de la vie de Patrick Melrose et offre de nouveaux décors. Du sud de la France dans les années 60 à l'Angleterre au début des années 2000, s'égrènent les souvenirs du parcours éprouvant de cet enfant maltraité qui a tenté de noyer son mal-être dans la coke et l'héroïne.

Si le descriptif paraît glauque, la série ne l'est pas tant que cela. L'humour jaillit des pires situations et du personnage de Melrose, dont l'humour pince-sans-rire n'est pas sans rappeler celui de Sherlock, interprété par le même Benedict Cumberbatch. L'acteur est fait pour ce genre de rôle, où le verbe est riche, et le débit rapide. C'est une réelle performance qu'il réalise dans le premier épisode. Sans jamais quitter l'écran, on le voit suant, rampant en état de manque, puis parlant à mille à l'heure lorsqu'il est défoncé.

Une réalisation réussie

Si l'interprétation est excellente, la mise en scène n'est pas en reste. Elle contrebalance également la noirceur du fond, en proposant une forme dynamique et très esthétique. Les plans, les couleurs, ainsi que les transitions sont sublimes: on voit Melrose couché dans un lit à New York, et suite à un bref mouvement de caméra, on le retrouve dans son lit, chez lui, à Londres.

Si vous aimez les drames psychologiques, Benedict Cumberbatch et l'ironie, vous devriez "crocher" à "Patrick Melrose".

Crystel Di Marzo/ld