Première palme d'or japonaise depuis "L'Anguille" de Shohei Imamura en 1997, "Une affaire de famille" raconte l'histoire d'une famille qui vivote et chaparde dans les magasins, qui recueille une fillette maltraitée. L'an dernier, la Palme d'or était revenue au Suédois Ruben Östlund pour "The Square".
Jean-Luc Godard et Spike Lee primés
Jean-Luc Godard, figure de la nouvelle vague, s'est vu décerner une Palme d'or "spéciale" pour son film "Le livre d'image", une récompense inhabituelle imaginée pour cet "artiste qui a repoussé les limites du cinéma", selon les mots de la présidente du jury, Cate Blanchett.
Spike Lee a quant à lui obtenu le Grand Prix du festival pour Blackkklansman, qui retrace le parcours d'un policier infiltré au sein du Ku Klux Klan sur fond de lutte pour les droits civiques dans l'Amérique des années 1970.
Le prix du jury est allé à "Capharnaüm", de la Libanaise Nadine Labaki.
Samal Yeslyamova et Marcello Fonte meilleurs acteurs
Le prix d'interprétaion féminine a été décerné à la Kazakhe Samal Yeslyamova pour son rôle dans le film "Ayka", de Sergey Dvortsevoy, et le prix d'interprétation masculine à l'Italien Marcello Fonte pour Dogman, de Matteo Garrone.
Les films "Trois visages" de Jafar Panahi et "Heureux comme Lazzaro", de la réalisatrice Alice Rohrwacher, ont tous deux obtenu le prix du scénario et Cold War, de Pawel Pawlikowski, celui de la mise en scène.
La Palme d’or du compromis?
Thierry Frémeaux, délégué général du Festival de Cannes, avait placé cette 71 édition sous le signe du renouvellement. Et des nouveaux noms, il y en avait beaucoup, parmi les 21 cinéastes en lice pour la Palme d’or. Autant dire que la consécration d’un "habitué" comme Hirokazu Kore-eda, Prix du jury en 2013 pour "Tel père, tel fils" en a surpris plus d’un.
Kore-eda est un peintre de l’enfance. "Une Affaire de famille", qui raconte les liens très forts qui unissent une famille recomposée, pauvre parmi les pauvres. Un film infiniment délicat et bouleversant.
Mais malgré toute sa beauté, on ne peut pas s’empêcher de penser que cette palme ressemble à un compromis. Que le jury n’a pas pu s’entendre sur le très beau mais très déroutant "Livre d’image" de Jean-Luc Godard, qui reçoit cette étrange Palme d’or spéciale.
On imagine que les débats ont été vifs, aussi, à propos de deux films très ouvertement engagés qui ont beaucoup divisé les festivaliers et qui figurent malgré tout en bonne place au palmarès: "Blackkklansman", la comédie enragée de l’Afro-Américain Spike Lee, qui repart avec le Grand Prix.
Les grandes causes sociales
Et "Capharnaüm", de la Libanaise Nadine Labaki, Prix du jury, immersion dans les bidonvilles de Beyrouth. Un sujet fort, deux enfants adorables, une femme derrière la caméra. Beaucoup lui prédisaient la Palme d’or.
Et si ce palmarès racontait aussi que le jury a été sensible aux grandes causes sociales, à la misère du monde, mais qu’il a préféré réserver la récompense suprême à la douceur plutôt qu’aux coups de poings?
Raphaële Bouchet/hend avec agences
>> A lire : Le suivi du 71e Festival de Cannes par la RTS
Le palmarès du 71e Festival de Cannes
- Palme d'or: "Une affaire de famille", du Japonais Hirokazu Kore-eda
- Grand prix: "Blackkklansman" de l'Américain Spike Lee
- Palme d'or spéciale: "Le livre d'image" du Français Jean-Luc Godard
- Prix de la mise en scène (meilleur réalisateur): le Polonais Pawel Pawlikowski pour "Zimna Wojna"
- Prix du scénario ex-aequo: l'Italienne Alice Rohrwacher pour "Lazzaro Felice" et Nader Saeivar pour "Se Rokh"
- Prix du jury: "Capharnaüm" de la Libanaise Nadine Labaki
- Prix d'interprétation féminine: la Kazakhe Samal Esljamova pour "Ayka" de Sergueï Dvortsevoï
- Prix d'interprétation masculine: l'Italien Marcello Fonte pour "Dogman" de Matteo Garrone
- Camera d'or: "Girl" du Belge Lukas Dhont
- Palme d'or du court métrage: "All These Creatures" de l'Australien Charles Williams
- Mention spéciale du court métrage: "Yan bian shao nian" ("On the border") du Chinois Wei Shujun