A la fin des années 70, l'Angleterre a vécu un scandale politico-sexuel et un procès très médiatisé. Jeremy Thorpe, leader du parti libéral britannique, a été accusé d'avoir fomenté l'assassinat de son ancien amant, Norman Scott. Et ceci à une époque où l'homosexualité était encore cachée, bien que fraîchement décriminalisée.
Le personnage principal est campé par Hugh Grant. Son amant est interprété par Ben Whishaw, également acteur de cinéma qu'on a pu voir dans "Le Parfum" ou sous les traits de Q dans les James Bond "Spectre" et "Skyfall". Le scénario est signé Russel T Davies – créateur de "Queer as Folk" et du revival du "Doctor Who". Quant à la réalisation, elle est dirigée d'une main de maître par Stephen Frears.
Entre vie privée et vie publique
Dans "A Very English Scandal", le téléspectateur pénètre dans la vie de Jeremy Thorpe, au milieu des années 60, lorsqu'il rencontre celui qui deviendra son amant, le sensible Norman. A l'époque, être gay est un crime en Angleterre, et pour le leader du parti libéral, il est évidemment exclu que quiconque soit au courant, excepté son meilleur ami.
Thorpe cache Norman dans un petit studio où il passe le voir le plus souvent possible. Malheureusement, pas assez souvent au goût de son "bunny", un être fragile et dépressif ayant tendance à la victimisation. La rupture est inévitable et ses conséquences catastrophiques. La trame de l'histoire se déroule rapidement, et très vite, on se trouve captivé par cette histoire à la fois privée et publique.
Sexe, mensonge, politique et faits réels
La série est superbement écrite et mise en scène. A travers ses flash-backs dans les flash-backs, ses intertitres qui défilent de bas en haut et de gauche à droite, on virevolte d'une scène à l'autre aussi fluidement que s'exprime Hugh Grant, avec son accent de la haute. Hugh Grant qui est à mille lieues de ses rôles habituels et qui s'avère excellent. C'est à se demander pourquoi il a joué le même rôle pendant 20 ans, depuis "Quatre mariages et un enterrement". Cette série lui donne l'occasion d'étoffer sa palette de jeu.
Son personnage – inspiré du vrai Jeremy Thorpe - est très attachant. Un peu fou, plein de fantaisie et d'humour. La série elle-même est très drôle, notamment dans les scènes les plus intimes. Elle se révèle surtout palpitante. Des faits réels, du sexe, des mensonges, un complot, une belle ascension professionnelle suivie d'une chute inévitable: voilà ce que promet "A Very English Scandal", mini-série en 3 épisodes diffusée sur BBC One.
Crystel di Marzo/ld