En 2001, Steven Soderbergh signait avec "Ocean’s 11", remake d’un film de 1960 avec Franck Sinatra. George Clooney reprend le rôle et braque un casino avec ses potes Brad Pitt et Matt Damon. La franchise, depuis, a connu deux suites, "Ocean’s 12" (2004) et "Ocean’s 13" (2007). Et un "reboot" au casting féminin, à voir en salle dès le 13 juin: "Ocean’s 8", produit par Steven Soderbergh, mais réalisé par Gary Ross.
C’est à Sandra Bullock qu’il incombe de réunir quelques copines (Cate Blanchett, Rihanna, etc.) pour braquer non plus un casino de Las Vegas, mais le Metropolitan Museum of Art de New York, où est organisé un gala lors duquel seront exhibés des bijoux d’une valeur inestimable.
Sorti aux Etats-Unis le week-end dernier, le film réalise un très bon démarrage. "60% du public qui l’a vu en salle, ce qui prouve que le film atteint sa cible", explique Charles-Antoine Courcoux, maître d'enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne, à la RTS.
Pour l’historien du cinéma, "Ocean’s 8" montre l’intérêt d’Hollywood à produire des films avec des personnages principaux féminins, dans la foulée des grands succès de "Wonder Woman", "Star Wars: The Last Jedi" ou "La Belle et la bête".
Ces succès ont confirmé que les femmes étaient plus que jamais rentables. Et que les films dans lesquels elles tournent peuvent être lucratifs. On leur accorde une plus grande confiance, elle peuvent porter de grosses productions, mais en même temps, le remake permet de minimiser les risques financiers.
8 femmes
Un casting entièrement féminin, c’est dans l’air du temps post-Weinstein. "Créer des produits culturels où les femmes sont mieux représentées devient un enjeu plus crucial pour Hollywood", estime Charles-Antoine Courcoux. Mais c’est un enjeu économique avant d’être un enjeu de justice sociale."
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On assiste cependant à une mutation profonde de l’industrie du cinéma, note-t-il. "La pression des mouvements féministes s’est accentuée. Récemment, Kevin Feige, le directeur des Studios Marvel, a déclaré que parmi leurs vingt prochains films, beaucoup seraient confiés à des réalisatrices."
Raphaële Bouchet/mcc
Ciel, mes bijoux
Un film de casse féminin. Où ça? Au MET de New York, s’il vous plaît, lors d’un gala, avec bijoux et paillettes, puisque, comme chacun sait, les femmes adorent ça. Gloups. Il fallait forcément que les stéréotypes viennent ajouter de la lourdeur au casting, qui fait déjà figure de catalogue appuyé.
Car parmi les 8 de "Ocean’s 8", on retrouve évidemment les différents modèles de femmes sur lesquelles le public cible pourra se projeter: une Noire ultra geek, une Asiatique agile, une blonde discrète et mère de famille, une brune piquante qui ne s’en laisse pas compter, etc. Et si malgré tout, le film se laisse voir sans déplaisir, c’est qu’il propose une dimension autoréflexive intéressante, notamment grâce au personnage d’Anne Hathaway, qui campe une actrice faussement cruche.
A la toute fin du film, on la voit sur un plateau de tournage, dirigée par une réalisatrice. L’image est furtive, mais elle en dit long: les femmes sont bien décidées à prendre une nouvelle place dans l’industrie du cinéma.