Le pape François sera à Genève jeudi 21 juin, pour les 70 ans du Conseil oecuménique des Eglises. Les organisateurs de la messe qu'il donnera à Palexpo avouent avoir été surpris par l'engouement suscité par sa venue en Suisse; engouement qui dépasse largement les cercles catholiques.
Humaniste et révolutionnaire
Alors, comment le pape parvient-il à fédérer autant de personnes? Une partie de la réponse est dans le film de Wim Wenders "Le pape François, un homme de parole", un documentaire dans lequel le réalisateur allemand dresse le portrait d'un pape humaniste et révolutionnaire. Le film a été présenté lundi soir en projection spéciale à l'ONU, après avoir été projeté hors compétition à Cannes, le mois dernier. Il sort ce mercredi, veille de l'arrivée du pape à Genève.
Tout a commencé par une lettre du Vatican adressée au bureau de Wim Wenders. "Ma secrétaire était très excitée et moi je me suis demandé: mais qu'est-ce qu'ils veulent de moi? Je n'ai rien fait!", explique le cinéaste au micro de la RTS.
Le réalisateur se décide d'accepter ce projet quand il apprend qu'il a carte blanche et un accès direct au pape, dont il avait déjà admiré le courage.
Je l'ai aimé dès que j'ai su qu'il s'appellerait François, l'homme qui parlait aux oiseaux et qui est devenu pauvre par sa volonté.
Accès direct au pape
Le cinéaste, catholique jusqu'à l'âge de 20 ans avant de devenir protestant, dit son enthousiasme pour cet homme qui s'adresse au monde entier et pas seulement à sa paroisse, et dont il admire le courage, la tendresse, la modestie et l'amour de l'humanité.
Il est le seul homme que je connaisse sur cette planète qui va partout où ça va mal. Quel homme politique se rend dans les prisons, les hôpitaux, les camps de réfugiés?
Wim Wenders a pu librement rencontrer le pape, face à face, quatre fois deux heures. Le reste de son film est constitué d'archives qu'il a lui-même choisies. Il s'agit plus d'un film "avec le pape" que "sur le pape".
Un portrait d'adhésion
Certains ont reproché à Wim Wenders son absence de distance critique, comme si l'optimisme et l'enthousiasme de son modèle avaient déteint sur lui. La remarque agace le réalisateur.
"On peut avoir une distance critique avec tout, rien n'est plus facile. J'en ai ras-le-bol de cette attitude, je veux être pour quelque chose. Je suis d'accord avec tout ce que dit François, qui vit ce qu'il dit. J'ai mis mon film à son service."
Peu cinéphile, le pape
Si le Vatican a choisi Wim Wenders comme portraitiste, le pape, lui, n'avait jamais vu un seul des films du réalisateur. Il n'a pas non plus visionné le documentaire qui lui est consacré. "Il a bien d'autres choses à faire", conclut Wim Wenders.
Propos recueillis par Sophie Iselin/mcm