"Je suis monté à Paris en 1950. Je n'étais qu'un paysan"
Pourquoi quitter ses études de droit à Aix-en-Provence pour rejoindre la capitale? Parce que Jean-Louis Trintignant découvre sa vocation en 1949 avec "L'avare" mis en scène par Charles Dullin, dont il suivra les cours, tout en essayant de perdre son accent méridional si peu approprié à la tragédie. Il apprend le mime et l'improvisation, étudie les classiques et travaille avec Jean Vilar. Il suit en même temps, et en cachette, les cours de Tania Balachova:
Je faisais double journée mais je n'étais pas très doué. A force de travail, j'ai commencé à avoir du talent.
Parallèlement à sa passion des planches, Jean-Louis est fou de vitesse et de course automobile. Il en a hérité de son oncle, Maurice Trintignant. En 1980, il frôlera d'ailleurs la mort au 24 Heures du Mans quand, en sixième position, un des pneus arrière de sa Porsche éclate.
La course automobile s'immiscera aussi dans sa vie privée puisqu'il vivra, après son divorce avec Nadine, avec Marianne Hoepfner, ancienne pilote de course.
Si son enfance est plutôt agréable dans le sud de la France, un événement va néanmoins le marquer: sa mère, issue d'une riche famille de Bollène, est tondue après la guerre. "C'était une grande amoureuse", dira-t-il. Tout Trintignant est dans cette pudique retenue, un peu sarcastique tout de même. "Je suis d'un sud plutôt austère, influencé par le protestantisme".
Un protestantisme qui se manifeste par sa discrétion, son peu de goût pour la futilité et son honnêteté. "Jeune, j'étais joli, et prédateur comme souvent à cet âge-là. On me l'a fait payer, c'est normal". En 1954, il épouse Stephane Audran, dont il divorcera en 1956. Il devient alors l'amant de Brigitte Bardot sur le tournage de "Et Dieu créa la femme" et la cause du divorce de la star avec Vadim. "Quand j'étais petit, je cassais mes jouets. Avec les gens aussi, quand je les aime, j'ai tendance à les détruire. Le confort me fait peur".
En 1963, il rencontre Nadine Trintignant avec qui il aura trois enfants: Marie, Pauline et Vincent.
Le couple vivra deux drames. Le premier en 1970 quand décède de la mort subite leur petite Pauline, disparition qui inspirera le film "Ca n'arrive qu'aux autres" de Nadine Trintignant; le second en 2003 quand Marie sera tuée sous les coups de Bertrand Cantat. "Je suis mort une première fois le 1 août 2003. Ca m'a complètement détruit. Depuis, je n'arrive pas à m'en remettre", confiait-il à Laurent Delahousse en mai 2018, épuisé par un cancer.
A écouter, l'entretien avec Patrick Ferla:
Six ans auparavant, devant le micro de Patrick Ferla, l'acteur apparaissait plus serein, exprimant son désir d'être heureux malgré tout.