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"BlacKkKlansman": l'humour noir pour dénoncer le suprémacisme blanc

Rentrée cinéma: présentation de trois films marquants
Rentrée cinéma: présentation de trois films marquants / 12h45 / 12 min. / le 22 août 2018
Le film de Spike Lee raconte l’histoire vraie d’un flic noir qui a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan. Grand Prix du jury à Cannes en mai dernier, "BlacKkKlansman" fait rire autant que réfléchir.

Basé sur l'histoire réelle d'un policier afro-américain qui a infiltré, avec un de ses collègues blancs, le Ku Klux Klan dans les années 70, "BlacKkKlasman", de Spike Lee, réussit le mélange du suspense, de l'humour et du militantisme. Inspiré du livre autobiographique de Ron Stallworth, le film a reçu le Grand Prix jury au dernier Festival de Cannes.

Le réalisateur de "Do the Right Thing" ne se contente pas d'adapter cette histoire ahurissante, il la relie à l’Amérique d'aujourd'hui, celle de Donald Trump et du mouvement Black Lives Matter. Et ce lien, il le fait par le cinéma, dans une scène d'anthologie qui embrasse toute l'histoire de la représentation des Afro-Américains au cinéma.

Une virtuosité qui monte en puissance

Dans un puissant montage alterné, Spike Lee montre, d’un côté, les membres du KKK visionnant "Naissance d'une nation" (1914) de D.W. Griffith, film qui pose l'alphabet du cinéma mais film complètement raciste, et de l'autre côté, de jeunes Afro-Américains écoutant un ancien militant - incarné par l'acteur Harry ­Bellafonte - raconter le lynchage de Jesse Washington, en 1916.

La mise en scène est d'une rare virtuosité. Il y a quelque chose de très musical, de très jazz dans ce film qui monte en puissance jusqu'à son prodigieux final.

Stéphane Gobbo, responsable de la rubrique culture du "Temps"

Le film se termine avec la dénonciation des événements de Charlottesville, cette ville de Virginie secouée par des violences de groupuscules d'extrême droite le 12 août 2017.

Humour et comédie

Malgré la gravité du propos et sa charge militante, le film n'oublie jamais d'être drôle, par ses dialogues, ses quiproquos et ses acteurs. Adam Driver et John David Washington, fils de Denzel Washington - qui fut le Malcolm X de Spike Lee - forment un duo de flics jubilatoire.

Raphaele Bouchet, critique cinéma à la RTS, relève aussi la beauté du film, son rythme, ses couleurs, et se dit sensible à la mélancolie qui s'en dégage:

A un certain moment, un ancien des Black Panthers dit "Il faut arrêter de se haïr nous-mêmes; nous sommes beaux". Spike Lee fait alors quelques gros plans sur la foule, et c'est absolument bouleversant.

Raphaele Bouchet, critique cinéma à la RTS

"BlacKkKlansman", qui est sorti mercredi 22 août sur les écrans romands, a reçu le Grand Prix du jury au dernier Festival de Cannes. Il a également été récompensé par le Prix du public lors du Festival du film de Locarno.

mcm

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