Pour son huitième long métrage, Fernand Melgar a suivi l'entrée de cinq enfants dans une école spécialisée à Yverdon (VD). Un film de 97 minutes dans lequel on pleure, on rit et on s'interroge. "C'est le directeur d'une fondation qui m'a appelé pour voir si je voulais m'intéresser aux enfants de cette école", explique-t-il au micro de la RTS vendredi.
Alors que ses tournages ne durent généralement pas plus de quatre mois, le réalisateur a passé un an et demi à suivre ces élèves. "C'est le plus long tournage que j'ai jamais fait. Je ne voulais plus m'arrêter".
Dès le départ du projet, dit-il, les conditions étaient idéales, avec une atmosphère très positive. "J'ai réuni les 50 familles dans le réfectoire de l'école pour leur dire que je voulais filmer leurs enfants et que j'avais besoin de leur accord. Et, pour la première fois, toutes les mains se sont levées. Une mère m'a même dit: 'enfin on s'intéresse à nous'."
Un film "qui va vers le beau"
Fernand Melgar se défend de toute curiosité mal placée. "Je ne crois pas avoir un rôle de voyeur. Je fais simplement un voyage dans un monde qui nous côtoie." Il assure également être resté au plus près de la réalité, sans faire de mises en scène. "C'est un documentaire. Si vous demandez aux personnes de jouer un rôle, ils le feront un ou deux jours. Or, je suis resté un an et demi avec ces personnes."
"A l'école des philosophes" est porteur d'espoir, insiste le Lausannois. "Dans mes autres films - "Vol spécial", "Exit", "La forteresse" - on avait un peu l'impression d'être sur un bateau qui coule. Ici, pour la première fois, j'avais l'impression de m'envoler. C'est un film qui va vers le beau."
"Il n'y a pas une école, il y a des écoles"
Questionné sur sa vision de la prise en charge des enfants handicapés, Fernand Melgar plaide pour un système diversifié.
"On ne peut pas avoir un raisonnement binaire. Il n'y a pas une école, il y a des écoles. Chaque enfant a des besoins particuliers, qu'il soit différent ou non. On le voit dans mon film d'ailleurs: Léon a pu rejoindre l'école normale."
>> Voir aussi le long format : "A l'Ecole des Philosophes", Fernand Melgar frappe fort
Propos recueillis par Romain Clivaz
Pas regret sur la dénonciation du deal de rue
Revenant sur les critiques dont il a fait l'objet ce printemps concernant sa dénonciation du deal de rue à Lausanne, Fernand Melgar dit ne rien regretter. Y compris les images de dealers à visages découverts, publiées sur les réseaux sociaux.
"Si c'était à refaire, je le referais. Lorsque j'ai dénoncé des policiers qui ont serré des requérants d'asile dans "Vol spécial" au point de les tuer, tout le monde m'a applaudi. Ici, je filme des criminels qui vendent de la drogue à la porte des écoles et qui ont fait des tentatives de viols, et on m'a voué aux gémonies", regrette-t-il.