"Le Grand Bal", quatrième et dernier documentaire de la réalisatrice française Laetitia Carton, se passe en Auvergne, où chaque été depuis 27 ans des milliers de personnes se réunissent pour danser. Chaque été, ils sont des milliers à affluer de toute l'Europe pour participer au Grand Bal. Hommes, femmes, petits, gros, avocats, agriculteurs, on ne sait pas qui ils sont, mais tous viennent pour partager leur passion de la danse traditionnelle, jour et nuit, jusqu'à perdre la notion du temps.
Laetitia Carton a cette passion. "On m'a emmenée un soir dans un bal, c'était foutu, j'étais accro", explique la réalisatrice. La chaleur humaine, les musiciens, l'ambiance, c'est tout un univers qui a séduit Laetitia Carton et qu'elle a décidé de filmer pour son dernier documentaire.
Montrer un monde dynamique et vivant
Aux yeux du grand public, l'univers du bal a quelque chose d'un peu ringard. Avec ce documentaire, la réalisatrice réhabilite cette tradition. Depuis les années 70 et 80, un vaste mouvement de collectage, surtout en France, a permis de recueillir auprès des anciens des chansons et des films de danse. S'en est suivi un mouvement d'éducation populaire qui a transmis cela à des jeunes, explique Laetitia Carton.
Aujourd'hui, les jeunes ont digéré tous ces répertoires et en font quelque chose de très dynamique et complètement vivant. Il n'y a pas plus groovy, plus actuel et moins ringard que ces musiques pour moi.
Il a fallu du temps à la réalisatrice pour oser faire entrer la caméra dans ce monde du bal, pour oser filmer son documentaire. "Je n'avais pas envie d'abîmer ça, de casser cette osmose qu'on a sur un parquet", dit-elle.
Un film politique
Ce que voulait capter la réalisatrice, ce sont les moments vivants et spontanés. Pour que cela reste naturel, Laetitia Carton ne voulait pas faire l'exercice de l'interview. "Ce que l'on faisait, c'est qu'on se rapprochait avec la caméra lorsqu'on entendait que la conversation devenait intéressante et on sentait, juste par un jeu de regard, s'ils acceptaient de faire une place à la caméra", explique-t-elle.
"Le Grand Bal" est un documentaire que Laetita Carton veut politique: "parce que pour moi, on invente une relation avec l'autre. On la travaille. Il y a une attention qui est portée à l'autre. Pour moi c'est un modèle de société dans lequel je suis heureuse".
On expérimente quelque chose de différent. On est tous très tristes quand on part, de retourner dans le monde. On aimerait que le monde ressemble à ce que l'on vit pendant cette semaine-là.
Montrer des changements sociétaux
Laetita Carton a toujours dansé. Elle a constaté des changements, ces dernières années, dans l'attitude des hommes et des femmes vis-à-vis de la danse.
Si les femmes ont l'habitude de danser entre elles, les hommes commencent seulement à oser danser ensemble. "C'est une autre énergie de guider ou d'être guidé", dit-elle, "mais j'espère que mon film va autoriser d'autres hommes à danser ensemble. J'espère que les choses vont changer".
Un sujet de Julie Evard pour le 12h45
Adaptation web: Lara Donnet