"Full Metal Jacket", film de guerre culte de Stanley Kubrick
Grand Format
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Natant/Stanley Kubrick Productions/AFP
Introduction
Dans son film sorti en 1987, Stanley Kubrick fouille la conscience des jeunes soldats envoyés se battre au Vietnam après avoir été transformés en machines à tuer par un sergent instructeur sadique.
Chapitre 1
Montrer la folie meurtrière de la guerre
"Full Metal Jacket" (1987) est le quatrième film de guerre réalisé par Stanley Kubrick. Il décrit cette fois la guerre du Vietnam, en particulier l'offensive du Têt, ce moment où les forces communistes nord-vietnamiennes du Front national de libération (FLN) attaquent par surprise une centaine de villes, dont Saïgon et Hué, ainsi que des bases américaines dans le Sud. Assaut décisif qui marque un tournant dans cette guerre. A partir de là, une longue descente aux enfers commence pour les Américains.
S’il prend appui sur la guerre du Vietnam, "Full Metal Jacket" propose finalement une peinture sans illusions de l’agressivité qui anime tous les humains.
Sorti 20 ans après les faits relatés, et après "Voyage au bout de l’enfer", "Apocalypse Now" et "Platoon", le film de Kubrick s'inscrit dans la légende, traitant de la folie meurtrière sans aucune concession et morale. Tourné entièrement à Londres, sans difficulté particulière, "Full Metal Jacket" est l’avant-dernier film de Stanley Kubrick.
Chapitre 2
Synopsis et début du projet
Natant/Stanley Kubrick Productions/AFP
Le titre du film, "Full Metal Jacket", est un terme utilisé en anglais pour désigner une balle blindée ou balle chemisée. C’est un type de munition dont la coquille extérieure, à la manière d’une chemise, habille un projectile ce qui rend la balle plus véloce et plus efficace.
Le film est centré sur le personnage de J.T. Davis, surnommé Joker, ou Guignol en français, un jeune engagé dans les marines durant la guerre du Vietnam.
Je suis le sergent d'armement Hartman et votre chef instructeur. A partir d'aujourd'hui, vous ne parlerez que quand on vous parlera et les premiers et derniers mots qui sortiront de votre sale gueule, ce sera "Chef", tas de punaises! Est-ce bien clair?
"Full Metal Jacket" comprend deux parties distinctes: l’entraînement, puis la guerre à proprement parler. Le film commence à la fin des années 60 dans le camp d’entraînement de Parris Island, en Caroline du Sud. Un groupe de nouvelles recrues est pris en main par le sergent instructeur Hartman. L’homme est brutal et vulgaire.
Pratiquant une méthode basée sur l’injure et l’humiliation, il choisit une bête noire, une cible sur laquelle exercer son sadisme et attiser la moquerie des autres recrues. Son choix tombe sur le soldat Lawrence qui est assez enrobé. Il le baptise Gomer Pyle, Grosse baleine.
La tension monte. D’humiliation en humiliation, sous le regard de Joker, Grosse baleine se transforme en soldat. Mais il bascule dans la folie et lors de la dernière nuit passée au camp d’entraînement, abat le sergent Hartman sous les yeux de Joker, avant de se suicider.
L'action du film se déplace ensuite au Vietnam . Nous sommes en 1968. Joker est affecté dans une unité de journalistes militaires pour le magazine "Stars and Stripes". Il est envoyé au front, dans la ville de Hué, pendant l’offensive du Têt. Il y retrouve l’un de ses camarades d’entraînement, Cowboy, au côté duquel il est engagé de manière directe dans les combats. Pris sous le feu d’un tireur d’élite, Joker va voir succomber plusieurs de ses camarades et se retrouver face à ses propres limites morales, ainsi qu’à la violence brute.
Si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre. En attendant ce moment-là, vous êtes du vomi, vous êtes le niveau zéro de la vie sur Terre. Vous n'êtes même pas humains, bande d'enfoirés ! Vous n'êtes que du branlomane végétatif, des paquets de merdes d'amphibiens, de la chiasse !
Dans "Full Metal Jacket", Stanley Kubrick ne fait pas de morale. Il analyse. Il nous montre l’homme dépouillé de son individualité, privé de son nom par ses surnoms. Soldat et machine de guerre. Une vision clinique et cynique du désespoir et de l’inutile. Pour arriver à ce résultat, il a fallu beaucoup de temps.
Sept ans sépare son film précédent "Shining" et "Full Metal Jacket". Durant cette période, dans son manoir du 18e siècle de Borehamwood, non loin de Londres, entouré de son épouse, de ses trois filles, de ses chiens et de ses chats, soigneusement isolé du monde extérieur, Stanley Kubrick a beaucoup lu. Pendant trois ans, il parcourt des tonnes de bouquins pour trouver un sujet digne de lui. Il n'avait pas prévu de tourner un film sur le Vietnam.
Comme il n’écrit jamais un scénario original, il doit trouver un bon livre. Il tombe sur celui de Michael Herr, journaliste, écrivain et scénariste qui a passé un an au Vietnam comme correspondant de guerre et qui a restitué son expérience dans son livre "Dispatches", ("Putain de mort") en 1977. Michael Herr décrit la guerre comme une hallucination meurtrière, un grand trip en technicolor et son Dolby.
"C’est le livre d’un type qui raconte la vérité sur ce qu’il a lui-même vécu", dit Kubrick. "Quand j’ai lu le livre, c’est son originalité, la beauté du style, sa simplicité que j’ai trouvées irrésistibles. Et cela faisait bien quatre ans que je lisais et que je cherchais…"
Contenu externe
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Le réalisateur contacte alors Michael Herr et lui propose de devenir scénariste sur son prochain film. Ils se rencontrent à Londres une première fois au printemps 1980, par l’intermédiaire de leur ami commun, David Cornwell, plus connu sous le nom de John le Carré.
Michael Herr montre à Kubrick un autre livre:"Le Merdier", ("The Short Timers"), de Gustav Hasford. Et pour le réalisateur, c’est une révélation. Ce roman de Gustav Hasford a un sens de la vérité sans concession.
Le livre "Le Merdier" n'offrait aucune réponse morale ou politique facile. Il n'était ni pour ni contre la guerre. Il ne semblait s’intéresser qu'aux choses telles qu’elles sont. Il y a une incroyable absence de prise de position dans ce roman, que je me suis efforcé de conserver dans le film.
Avec Michel Herr, devenu coscénariste, Stanley Kubrick rachète les droits du roman de Gustav Hasford. Les trois hommes vont travailler ensemble à élaborer un scénario. Mais seul Kubrick a une idée de l’ensemble. Ni Gustav Hasford ni Michael Herr n’ont une idée précise du résultat final. Le travail d’adaptation est comme un déchiffrage de code. Kubrick bannit toute psychologie et tout romanesque de son film, préférant se concentrer sur la dimension en forme d’archétype de ses personnages.
En réalisant "Full Metal Jacket", il entend surtout se démarquer de "Apocalypse Now". Il faut un an pour écrire le scénario. Il faudra encore un an de préparatifs, six mois de tournage et un an pour le montage.
Stanley Kubrick est réellement l’auteur de son film. Il le produit seul, à l’écart des studios, et supervise tout, du montage à la qualité des copies ou du doublage.
Chapitre 3
Stanley Kubrick
AP PHOTO/Keystone - STR
On a tout dit ou presque sur Stanley Kubrick (1928-1999). L’homme est aussi célèbre, si ce n’est plus, que ses films. C’est une légende: un mégalomane enfermé dans son manoir protégé par un circuit de caméras qui ne fait pas un pas sans un thermos de thé, qui signe ses contrats par télex, qui conduit une voiture en portant un casque de motard, qui ne prend pas l’avion, qui est un sadique doublé d’un perfectionniste forcené…
Il est dirigiste certes, méticuleux et très au clair sur ce à quoi son œuvre doit ressembler, mais il est loin, très loin de sa légende.
Stanley Kubrick est surtout et avant tout un formidable réalisateur. D’abord photographe. Une première époque américaine sous le double signe du film noir et du pamphlet antimilitariste. Un jour, il accepte de remplacer Anthony Mann sur le tournage du film "Spartacus" (1960) et ne tarde pas à s'en mordre les doigts. Il ne tournera plus jamais pour personne et ne filmera que des histoires qui l’intéressent.
Après le tournage de "Lolita" en 1962, il décide de s'installer définitivement en Angleterre et réalise une série de films dont il est le maître absolu. Il en est à la fois le producteur, le metteur en scène, le coscénariste, choisissant les musiques, supervisant les décors. Il s'occupe aussi de la distribution.
L'époque anglaise est jalonnée d'oeuvres aussi troublantes, impénétrables, qu’excitantes : "2001 l’Odyssée de l’espace", "Barry Lyndon", "Orange mécanique" ou "Shining". Partout la mort, le néant, la déchéance.
Kubrick est un pessimiste avoué. Est-ce pour cela que les films de guerre lui parlent autant?
"Full Metal Jacket" est le quatrième film que Stanley Kubrick consacre à la guerre après "Fear and Desire", "Les Sentiers de la gloire" et "Dr Folamour".
Dans "Les Sentiers de la Gloire", Kubrick utilisait l’empathie pour émettre un point de vue antimilitariste tandis que dans "Dr Folamour", il joue du pamphlet et du sarcasme pour montrer l’absurdité de la guerre et la folie des classes dirigeantes.
Avec "Full Metal Jacket", il va un cran plus loin. Cette fois, il veut concevoir le film de guerre parfait. Un film où on se préoccupe davantage de mettre en lumière la dualité de l’homme que de dénoncer les coupables et les victimes d’un conflit aussi absurde que les autres.
Le cinéma est une expérience non verbale pour le réalisateur. Sous une forme ou sous une autre, la guerre en est toujours le sujet. Ou plutôt l’état de guerre qui définit à peu près tous les rapports sociaux ou intimes. "La guerre", dit Kubrick, "crée des situations très dramatiques et très visuelles. Dans une guerre, en un court laps de temps, les gens traversent une fantastique période de tension".
Ce qui permet au cinéaste de décrire avec une grande concision l’évolution d’un personnage. A l’écran, tout ça se cristallise dans la transformation des adolescents en machines à tuer. La mise en scène est au diapason de la tension, suivant au plus près et toujours en mouvement, des hommes et une guerre, créant une dramaturgie d’une extrême précision.
Kubrick fait un film qui ne ressemble à rien d’autre. Pas d’exotisme ici, peu de palmiers, pas de rizières, à peine le temps d’une courte séquence avec une putain adolescente, pas non plus de message bien explicite. Instruites pour tuer, les jeunes recrues, sur place, se font tuer et tuent. Et les survivants provisoires défilent en chantant leur joie d’être indemnes, sur l’air du Club de Mickey.
Selon Michael Herr, Stanley Kubrick n'a pas, à l'époque, l'intention de réaliser un film antiguerre, mais plutôt de montrer "à quoi la guerre ressemble vraiment". Est-ce que c’est vraiment possible. En tous cas, il y a l’intention et des images fortes à l’écran.
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Chapitre 4
Préproduction
Natant/Stanley Kubrick Productions/AFP
Stanley Kubrick commence à se documenter en 1983 pour préparer "Full Metal Jacket". Il visionne de très nombreux films et documentaires, lit des journaux vietnamiens conservés sur microfilms à la bibliothèque du Congrès. Il finit par réunir un nombre considérable de photographies d'époque. Sa documentation remplit une cinquantaine de boîtes en cartons stockés dans son garage. "Full Metal Jacket" doit parler du Vietnam.
C’est le premier film à décrire les combats qui se déroulent dans la ville de Hué, qui n’est plus qu’un tas de ruines dans la jungle. Pour Stanley Kubrick, on tournera cette offensive du Têt en Angleterre. Et c’est tout.
Pas de vraie jungle et pas d’Amérique pour sa guerre du Vietnam. Pour la première partie du film, située dans un camp de Marines, un camp d’entraînement à Parris Island, c’est relativement simple, on ira sur une base aérienne à Bassingbourn, dans le Cambridgeshire. Un domaine militaire qui ressemble à n’importe quel autre.
Pour reconstituer la ville de Hué, par contre, c’est un peu plus compliqué. Tous les combats de l’offensive du Têt se sont déroulés dans les villes parce que les Viêt-Cong ont cru que la population viendrait les rejoindre et que la guerre se gagnerait là-bas. Il faut donc des rues… et construire des rues pour les détruire aurait gravement grevé le budget.
Kubrick et ses décorateurs trouvent alors un ancien quartier avec des gazomètres désaffectés, avec des buildings industriels des années 30, lové dans un bras mort de la Tamise. C’est à l’est de Londres. Le terrain appartient à la compagnie du gaz britannique et présente une certaine ressemblance avec les photographies de la ville de Hué pendant la guerre du Vietnam.
Kubrick sait qu’un paysage en ruines ne s’imagine pas, que pour rendre la ville de Hué en flammes, il faut avoir étudié les bâtiments réels avec leurs armatures réelles qui explosent d’une certaine façon et pas d’une autre. Pendant trois mois, on prépare cet immense décor idéal, soufflant des immeubles, brûlant à petit feu des pans de murs. Kubrick fait même bombarder la ville par une équipe de démolisseurs.
Une jungle artificielle en plastique est fabriquée en Californie, envoyée par bateau. Ce n’est pas assez bon. Kubrick se fait alors envoyer d’Espagne 200 palmiers et de Hong Kong des plantes exotiques, mais en plastique cette fois, pour éviter tout risque d'introduction de maladies par insectes parasitaires en Angleterre.
Ce sont plus de 100'000 plantes en plastique qui sont plantées sur le terrain ravagé par les incendies et les explosions voulues par le réalisateur.
Il faut encore des hélicoptères. Jugé trop critique envers les militaires, le film n’est pas soutenu par l'armée américaine. Stanley Kubrick doit passer par des voies détournées pour obtenir l'équipement dont il a besoin. Ainsi, quatre chars M41 lui sont prêtés par l'un de ses admirateurs, colonel dans l'armée belge.
Les hélicoptères sont finalement loués et repeints aux couleurs des Marines, tandis que les armes légères — fusils d'assaut M16, lance-grenades et mitrailleuses — sont achetées à un armurier privé. Pour la figuration, le réalisateur engage des réfugiés asiatiques à Londres. Enfin, ses Marines, il va les chercher dans l’armée britannique, l’uniforme fait le soldat.
Chaque type d’acteur exprime exactement le profil de l’homme dans la guerre: l’angoisse, la violence, ou le désir de dominer l’action dans le combat.
Kubrick cherche à déceler les articulations les plus fines. Il ne s’intéresse pas aux significations, aux raisons premières et dernières de cette guerre. Il tourne un film sur la violence et l’annihilation de l’humain.
Chapitre 5
Les acteurs
Natant/Stanley Kubrick Productions/AFP
Pour "Full Metal Jacket", Stanley Kubrick engage Matthew Modine pour jouer Joker, Guignol, le personnage principal du film. L’acteur avait incarné "Birdy" dans le film d'Alan Parker en 1984.
C’est Matthew Modine qui, déjà engagé par Kubrick, suggère pour le rôle difficile de Gomer Pyle son ancien camarade de cours d’art dramatique Vincent D'Onofrio. Son engagement sur le tournage va nécessiter trois cassettes vidéo qu'il devra tourner selon les indications du réalisateur afin de faire ses preuves.
Un autre rôle important est donné à un comédien non professionnel. C’est celui du sergent instructeur sadique Hartman. Ronald Lee Ermey est un sergent à la retraite qui se trouvait aux Philippines en 1976 quand Coppola a débarqué pour filmer "Apocalypse Now".
Cette expérience lui a servi plus tard pour devenir conseiller technique sur deux autres films sur le Vietnam tournés aux Philippines. Et c’est en tant que conseiller technique qu’il sollicite, dans un premier temps, un job sur "Full Metal Jacket". Il écrit à Kubrick une première lettre. Puis une autre. Et encore une autre. Sa correspondance relève un homme intelligent, mais si péremptoire que Kubrick pense: ce gars va nous casser les pieds. Mais il l’engage quand même.
Lee Ermey va alors demander à Kubrick de lui donner le rôle du sergent instructeur. Kubrick lui répond qu'il a déjà quelqu'un pour ce rôle. Mais comme c'est Lee Ermey qui devait faire passer les auditions des recrues, il réussit à se faire filmer alors qu'il endosse le rôle du sergent Hartman et qu'il insulte les recrues. Kubrick voit la vidéo et l'engage illico.
Kubrick finit par aimer Lee Ermey, plus impressionnant que ce qu’il avait imaginé, et dont le répertoire d’insultes semble infini. Il y en aurait pour 200 pages de transcriptions.
Je suis vache mais je suis réglo! Aucun sectarisme racial ici. Je n'ai rien contre les négros, ritals, youpins ou métèques. Ici vous n'êtes tous que des vrais connards.
Chapitre 6
Sortie du film
Stanley Kubrick est le seul réalisateur à se préoccuper de la distribution de ses films et de la qualité des salles où les projeter. Il innove en matière de doublage en choisissant très tôt d’engager une équipe de "rewritter" dans chaque pays.
Il a une telle mainmise sur son œuvre, que même les producteurs sont laissés dans le flou, attendant le bon vouloir du maître.
C’est un jour de juin 1987 en salle de projection numéro 12 à Burbanks, Los Angeles, que les producteurs vont enfin découvrir le film. Les gens de la publicité de chez Warner sont visiblement nerveux. Comme pratiquement tout le monde au studio. De son manoir londonien, Kubrick veille au grain. Pour le slogan, la Warner propose "Le meilleur film de guerre jamais réalisé", Kubrick valide.
La projection est spécialement organisée pour Gustav Hasford, l’auteur du livre "Le Merdier", à l’origine du film. Il y a aussi R. Lee Ermey, le sergent instructeur.
A la sortie de la projection, Gustav Hasford est sous le choc, tant les scènes sont bonnes et fidèles.
"Plus je revois le film, plus je me rends compte qu’il a tout compris à mon livre. Stanley est peut-être la seule personne au monde qui l’ait compris".
Cette projection valide le projet. Les pontes de la Warner, le service de promotion, tout le monde souffle enfin.
Sur le carton d’invitation de la première figure l’image de l’affiche, un casque de marine où se combine absurdement l’impossible inscription: "Born to kill". Et le badge des antimilitaristes.
C’est la projection privée la plus courue de tout New York. Le public américain découvre enfin le Vietnam selon Stanley Kubrick. L'Europe devra patienter encore au moins trois mois.
Une heure avant le générique, la salle est prise d'assaut. Par Martin Scorsese, Diane Keaton, par tous les acteurs, metteurs en scène, producteurs présents à New York, ceux qui font relâche au théâtre, ceux qui ne tournent pas ce jour-là ou qui se sont carrément fait porter malade.
Sans oublier les acteurs du film qui ne l'ont pas vu non plus. Quand la lumière baisse dans la salle, le silence se fait total. En deux actes Kubrick raconte le Vietnam. Son interprétation du Vietnam.
A la fin, tout le monde repart un peu assommé. Les interprètes du film, ensemble, écrivent au dos du programme une longue lettre qu'ils envoient à Stanley Kubrick. En substance, ils lui disent merci.