Netflix continue de gagner des millions de nouveaux abonnés alors que la concurrence s'annonce très vive dans les mois à venir. Le géant de la vidéo en ligne avait connu un coup de mou avant l'été, en gagnant moins de nouveaux abonnés. Tout le monde criait au déclin.
Pourtant, mardi soir, les comptes trimestriels ont été sans appel: 137 millions d'abonnés dans le monde, soit sept millions supplémentaires cet été. Les actionnaires sont à la fête, le titre a bondi de 11%. La plateforme américaine, qui a été un moment la plus grosse capitalisation du monde des médias, a dépassé tous les pronostics.
Le succès des contenus originaux
Ce succès, Netflix le doit notamment à ses comédies romantiques originales. "All the boys I've loved before", par exemple, est l'une des "rom-coms" de Netflix. Dans cette comédie, l'héroïne est une adolescente asiatique, ce qui est suffisamment rare pour faire exploser l'audience.
Mais ces contenus originaux coûtent très cher. Et cet été, après le coup de mou, les actionnaires avaient reçu une douche froide: une chute de l'action Netflix, alors qu'elle avait doublé entre janvier et juillet. Pour ne rien arranger, les investisseurs se sont récemment mis à vendre massivement les valeurs technologiques américaines. Des épisodes difficiles à oublier d'autant qu'en début de semaine, avant la publication des chiffres, Goldman Sachs publie une mise en garde: Neflix va dépenser beaucoup dans les semaines à venir pour produire de nouveaux contenus et maintenir son rang face aux concurrents.
Cette année, Netflix devrait dépenser entre 12 et 13 milliards de dollars pour des contenus originaux. Selon Goldman Sachs, la plateforme dépensera plus de 22 milliards d'ici quatre ans.
Les grands moyens pour affronter la concurrence
En 2019, des géants débarquent dans le paysage du streaming. Amazon, Disney ou Apple s'apprêtent à investir massivement dans ce créneau. Avec un corollaire déjà perceptible: la multiplication des acteurs favorise le piratage illégal de films et de séries, le consommateur étant obligé de multiplier les abonnements pour suivre tous ses personnages favoris. Disney Play proposera un catalogue pour un abonnement moins cher que Netflix.
Mais Reed Hastings, fondateur et patron de Netflix, prouve avec ces chiffres qu'il garde solidement sa première place dans le streaming. Il promet encore plus de milliards à ses actionnaires dans les prochains épisodes de ce marché en pleine croissance.
Conséquence: le piratage à la hausse
Le cabinet canadien Sandvine l'affirme, les téléchargements illégaux sont à nouveau en augmentation, après des années de baisse. Les offres légales ont pourtant permis, dans un premier temps, de diminuer ce piratage. Mais tandis que le catalogue devenait pléthorique, le budget des clients ne bougeait pas.
Si vous voulez voir en temps réel "House of Cards", "La servante écarlate", "The Deuce", "Le Bureau des légendes" et "Game of Thrones" par exemple, vous devez payer un abonnement à Netflix, Hulu, Amazon, HBO, Canal+ ou Teleclub.
Une menace pour la télévision
Cette offre croissante pose des questions écologiques. Greenpeace affirmait l'an dernier que le streaming vidéo devrait atteindre 80% du trafic internet mondial d'ici 2020. Il faudra donc beaucoup d'électricité pour alimenter les gigantesques serveurs nécessaires à la diffusion de nos séries.
Par ailleurs, le modèle de la "vieille télévision" est menacé. Longtemps, elle n'a vu dans ces nouveaux acteurs que de misérables concurrents sans envergure. Désormais, les chaînes de télévision doivent faire avec ces nouveaux concurrents de taille qui cartonnent et s'imposent jusque sur les tapis rouges des festivals de film.
Sujets radio de Frédéric Mamaïs et Antoine Droux
Adaptation web: Lara Donnet