En 1994, Quentin Tarantino décroche, à 31 ans, l’Oscar du meilleur scénario original et une Palme d’Or controversée à Cannes pour "Pulp Fiction".
Ex-employé de vidéo club, propulsé sur le devant de la scène deux ans auparavant avec "Reservoir Dogs", il devient immédiatement la nouvelle coqueluche de certains passionnés de cinéma. Les autres détestent et hurlent au scandale.
Dans "Pulp Fiction", il y a beaucoup d’hémoglobine. Ça choque. Certains n’y voient que de la violence gratuite, d’autres une révolution et un nouveau langage cinématographique de la violence qui n’a jamais été montrée de manière aussi crue ni de manière aussi humoristique et esthétique.
Tarantino explique: "Pour être franc, la violence dans mes films ne me pose aucun problème. Je fais de la fiction et la violence est une fiction. Je m’en sers comme Stanley Donen se sert de la danse. C’est un choix parmi d’autres. Assez naturel et spontané en ce qui me concerne au moment de l’écriture."
La violence est l’une des choses les plus cinématographiques que l’on puisse faire dans un film. Je me sens totalement et sans réserve à l’aise avec elle".
"Pulp Fiction" marque un tournant dans l’histoire du cinéma, qu’on le veuille ou non, qu’on aime le film ou pas, peu importe. C’est un fait. Quentin Tarantino met en avant une nouvelle manière de filmer et d’écrire une histoire à l’écran, inspirée des cadrages de la bande dessinée et des films de séries Z, de la nouvelle vague française et des films noirs hollywoodiens.
Le film est aussi surprenant par son montage non linéaire. Il a quelque chose d’indéfinissable: la folie peut-être, la fougue, la force des personnages. Le talent de Tarantino est là, principalement dans sa capacité à nous camper un personnage en quelques secondes, personnage si étoffé qu’on a l’impression qu’on pourrait le croiser dans la rue.
Et puis, il y a la violence. Mais au-delà de celle-ci, qui n’est ni banale ni feinte, on trouve la rigueur implacable du scénario et la vérité crue des dialogues.
En tant que réalisateur, Quentin Tarantino avoue une passion particulière pour les voyous et les malfrats. Ils le fascinent car il estime qu’ils ont des points de vue moraux très différents des héros classiques.
"Pulp Fiction", c’est l’anti-recette. Ça vous heurte, ça vous fiche la chair de poule, ça vous fait rire et tout le reste, mais on ne sait jamais ce qui va arriver jusqu’au moment où la chose survient. Je ne pense pas que l’action se déroule dans un monde de fiction. C’est assez marrant, mais il s’agit en fait d’une peinture du milieu de la criminalité assez conforme à la réalité