Cette nouvelle aire sera une extension de la zone "Super Nintendo World" ouverte en 2020, doublant quasiment la surface dédiée à la marque sur place. Dans cet univers aux airs de jungle, les visiteurs pourront notamment découvrir des attractions comme un chariot de la mine cheminant à l'intérieur d'un gigantesque "Temple d'or" ou participer à des duels de congas.
"Donkey Kong a fait ses débuts il y a plus de quarante ans dans le premier jeu d'arcade que j'ai créé", a rappelé dans une vidéo mise en ligne le 11 novembre Shigeru Miyamoto, père de nombreux personnages phares de Nintendo. "Il a commencé comme un personnage de pixels en 2D (...) et maintenant son univers a pris vie et peut être expérimenté par les visiteurs", a-t-il ajouté.
Ce parc s'inscrit dans un virage stratégique lancé par Nintendo il y a une dizaine d'années afin d'accroître la visibilité de ses personnages, via des films ou des magasins vendant des produits dérivés. Universal Studios Japan a attiré l'an dernier 16 millions de visiteurs, ce qui en fait le troisième parc d'attractions le plus visité au monde, selon la société de conseil Aecom.
Du plombier au gorille
Donkey Kong est né d'un échec, quand au début des années 1980 Nintendo doit d'urgence créer un nouveau jeu pour reconvertir des milliers de bornes d'arcade de l'entreprise ayant fait un flop commercial aux Etats-Unis. Shigeru Miyamoto, alors jeune créateur, imagine d'abord un jeu dans l'univers de Popeye, mais pour des raisons de droits doit transformer ses personnages: c'est la naissance de "Donkey Kong", dont la borne d'arcade est mise en vente en juillet 1981.
Le personnage contrôlé par le joueur n'est pas le fameux gorille mais un petit bonhomme sautillant qui n'a pas encore de nom. Celui-ci deviendra Mario, le plombier le plus célèbre du monde, finissant par voler la vedette à Donkey Kong. Le gorille à cravate rouge s'imposera cependant comme un personnage incontournable de Nintendo, présent dans de nombreux titres comme les "Mario Kart" ou "Super Smash Bros.", en plus de ses propres aventures.
afp/ms
Le "virage à 180 degrés" de Nintendo pour conquérir les non-joueurs
Films, produits dérivés ou parcs d'attractions: le très conservateur Nintendo, pionnier nippon du jeu vidéo, a longtemps cantonné ses stars Mario ou Zelda aux consoles, mais opère depuis quelques années un lent virage stratégique pour toucher un public plus large.
"Depuis dix ans il y a vraiment eu un virage à 180 degrés dans la stratégie du fabricant, plutôt salutaire", juge Florent Gorges, éditeur et auteur de livres sur l'histoire de Nintendo. Selon lui, cette réticence historique à exploiter ses licences s'expliquait en partie par le "conservatisme" de l'entreprise, basée dans l'ancienne capitale de Kyoto, "relativement hermétique". "Il y avait cette culture du secret poussée à l'extrême chez Nintendo, très fébrile à la nouveauté", précise-t-il à l'AFP. Par ailleurs, l'ex-président Hiroshi Yamauchi, qui a dirigé l'entreprise pendant plus d'un demi-siècle jusqu'en 2002, "détestait les mascottes, pour une raison qu'on ignore".
Nintendo a aussi selon Florent Gorges été "considérablement échaudé au début des années 1990 après avoir confié sa licence Mario à Hollywood", pour un film qui a quasiment fait l'unanimité contre lui. Les prémices de son virage stratégique remontent au début des années 2000, quand la firme se remet en question après les ventes décevantes de deux de ses consoles, la Nintendo 64 et la GameCube. Le président de Nintendo à l'époque, Satoru Iwata, annonce alors un plan d'action: il faut "étendre la population de joueurs" en donnant le virus du jeu vidéo à des individus n'ayant jamais tenu une manette.
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