"Matières noires" raconte le destin de trois personnages amenés à se rencontrer: un homme d'affaire collectionneur passionné d'aspirateurs, une serveuse accro aux réseaux sociaux et un vieux chasseur désabusé.
Sans texte, sans couleur et réalisée en papier découpé, cette bande dessinée est accompagnée d’une application de réalité augmentée qui permet, grâce à son téléphone portable, d'entrer dans la tête des personnages et de découvrir leur monde intérieur grâce à des images qui se développent, s'animent, se colorisent et s'observent en 3D.
Matières Noires Teaser from Silvain Monney on Vimeo.
Un projet pensé pour le papier et le multimédia
La bande dessinée peut être lue sans utiliser l'application, mais au risque de passer à côté d'une partie de l'histoire. Interrogé par la RTS, le jeune Fribourgeois de 24 ans qui a étudié le cinéma d'animation et le dessin explique: "L'application multimedia n'est pas juste un gadget qui aurait été ajouté sur une bande dessinée. Dès le départ, l'histoire a été pensée et construite avec la bande dessinée comme support papier et la réalité augmentée comme support multimédia."
J'avais envie de partir sur l'idée qu'il y a une même réalité pour tous, mais qu'on peut la percevoir de manière différente"
Silvain Monney avoue que ce projet n'a pas été simple à réaliser. Il n'y avait pas beaucoup de références auxquelles se raccrocher puisqu'il existe peu de projets similaires. "C'était un challenge de savoir que raconter dans la bande dessinée, et que raconter dans l'application."
Sans texte et en noir et blanc
"Matières noires" est en noir et blanc et ne contient pas de texte. "J'aime le muet et, de toute manière, je ne suis pas très à l'aise pour écrire des dialogues". Après quelques tests, il trouvait que "ça ne marchait pas" et que la double lecture entre le papier et l'application aurait été trop difficile.
La composition de ses planches et la simplicité de son trait, proche du travail de Marjane Satrapi ("Persépolis"), rappelle également les films noirs. Lorsqu'on lui demande quelles ont été ses sources d'inspiration, le Fribourgeois cite le film "La nuit du chasseur" et le travail du bédéiste David B. qui l'a beaucoup marqué.
Des planches réalisées en papier découpé
Chaque dessin a été réalisé en papier découpé, technique traditionnelle qu'il pratique assidûment en autodidacte depuis longtemps. "Ca me force à avoir un rendu net, propre et contrasté. Et surtout, à ne pas trop me perdre dans les détails".
A cet art traditionnel et artisanal du papier découpé est donc venu s'ajouter une couche multimédia utilisant une technologie récente que Silvain Michel a également découvert en autodidacte.
A l'arrivée, un bel objet qui ouvre, selon Silvain Monney, "de nouvelles possibilités narratives impossibles à faire uniquement avec du papier."
Réalisation web: Andréanne Quartier-la-Tente
Propos recueillis par Yves Zahno et Pierre Philippe Cadert
"Matières noires", Editions Fleurs Bleues, novembre 2018