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Frédéric Pajak publie "Le Manifeste 7", dédié "à la poésie femelle"

Frédéric Pajak. [DPA / dpa Picture-Alliance/ AFP - Uwe Zucchi]
Frédéric Pajak: "Le Manifeste 7" / Caractères / 60 min. / le 9 décembre 2018
Dans son tout nouveau "Manifeste incertain 7 - L'immense poésie", l'écrivain, dessinateur et éditeur franco-suisse Frédéric Pajak dit toute son admiration pour Emily Dickinson, la recluse américaine, et Marina Tsvetaïeva, l'intrépide Russe.

Ecrivain, dessinateur, éditeur (il dirige chez Buchet Chastel la collection des "Cahiers" depuis 2002) et commissaire d'expositions, Frédéric Pajak est l’auteur d’une trentaine de livres.

Il s'est fait connaître par ses ouvrages originaux qui entremêlent deux narrations qui doivent se lire ensemble, l’écriture et le dessin, sans pour autant emprunter à la bande dessinée, dont Pajak n'est pas amateur.

Le dessin, le Franco-suisse ne le pratique que deux mois dans l'année, en été, à raison de 6 à 8 dessins par jour. Le reste du temps, il s'occupe de l'édition de ses Cahiers; monte des expositions comme celle proposée jusqu'au 24 février par le musée Jenisch ("Dessins politiques, dessins poétiques"); voyage à travers le monde pour s'imprégner de l'esprit des artistes qui l'habitent, le hantent et l'inspirent.

C'est hors de chez lui, au cours de ses voyages en territoires poétiques, dans les chambres d'hôtels ou les trains, qu'il remplit ses carnets de notes.

Deux immenses poétesses

Depuis 2012, Pajak publie chaque année un volume de son "Manifeste incertain", où se conjuguent biographie, autobiographie, essai, poésie et dessin.

Mon désir à travers ces neuf volumes, c’est de proposer un tableau du monde d’aujourd’hui à la lumière du passé, en compagnie de personnages clés: une fresque peuplée de figures intellectuelles qui commence dans l’entre-deux-guerres pour se terminer dans les années 70.

Frédéric Pajak, écrivain-graveur

Le septième tome de "Manifeste incertain" vient donc de paraître. Il est consacré à deux destins féminins exigeants et exemplaires, l'Américaine introvertie Emily Dickinson (1830-1866) et la Russe non conformiste Marina Tsvetaïeva (1892-1941), une vie entrecoupée de malheurs: la mort d'un enfant, la déportation de son mari, la famine de 1921, l'exil et le suicide en 1941, précédé de cet avertissement: "Je ne veux pas mourir, je ne veux pas exister".

Marina Tsvetaïeva et sa fille Ariadna.. [Editions Noir sur Blanc. - Pajak]
Marina Tsvetaïeva et sa fille Ariadna. [Editions Noir sur Blanc. - Pajak]

Le texte de Pajak, émaillé de dessins, exprime toute l’admiration qu’il porte à cette "poésie femelle" comme il le dit - une terme plus puissant et poétique que féminine. Deux poétesses qui ont été capables de faire "des émotions ensevelies" une "délicate machine de guerre".

Elles sont convaincues de leur talent

En général, Pajak s'inspire de la correspondance ou des journaux intimes de ses chers fantômes pour écrire et dessiner. Il complète la connaissance intime de ses sujets en explorant les lieux qu'ils ont fréquentés.

Si Pajak n'a pas voulu se rendre à Amherst, aux Etats-Unis, pour visiter "la chambre musée" d'Emily Dickinson qui y a vécu recluse, il a organisé ses dessins autour d'un thème récurrent dans l'oeuvre de l'Américaine, le jardin et les abeilles.

En revanche, pour mieux comprendre Marina Tsvetaïeva, il a parcouru la Russie et découvert que celle qu'admiraient déjà Rilke et Pasternak était aujourd'hui lue et appréciée des gens les plus simples.

Marina Tsvetaïeva, pourtant longtemps interdite dans son pays, est aujourd'hui aussi connue que Pouchkine.

Frédéric Pajak, écrivain et dessinateur

Si tout oppose les deux poétesses, un point les relie: elles sont entières et sûres de leur talent, convaincues de faire partie un jour de l'histoire de la poésie, d'en être le chaînon manquant, alors que leurs oeuvres n'ont pas, peu ou mal été publiées de leur vivant.

Le renoncement à la foi

Pajak se dit "heureux d'avoir été si proche de ces deux femmes pendant un an", lui qui, adolescent, ne savait pas définir la poésie tant elle le submergeait. Il s'attelle déjà à son "Manifeste 8". Quel en sera le personnage clé? "Le principe est l'incertitude, donc je ne le sais pas moi-même. J'avais par exemple imaginé Witold Gombrowicz, lu dans ma jeunesse, comme personnage clé du Manifeste 4, et finalement je me suis intéressé à Arthur Gobineau! Mais un destin me hante depuis longtemps, le renoncement à la foi de l'écrivain et philosophe Ernest Renan (1823-1892), qui a décidé presque scientifiquement de renoncer à Dieu".

Sujet proposé par Marlène Métrailler

Réalisation web: Marie-Claude Martin

"Le Manifeste 7", Frédéric Pajak, Editions Noir sur Blanc

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