Le choix de Geneviève Bridel
"Une famille" de Pascale Kramer (Flammarion)
Faut-il tenter de sauver malgré lui un enfant qui se détruit, au détriment du reste de la famille? Un roman sans concession, empathique et lucide sur la bienveillance et la loyauté.
"Dialogues sous les remparts", de Oya Baydar (Phébus)
"Quelle cause vaut plus qu'une toute jeune vie?" demande Oya Baydar, militante turque, après les massacres de Diyarbakir (2015). Un roman sans tabou mais plein de compassion sur l'action politique.
"Dans la forêt", de Jean Hegland (Gallmeister)
Comment deux sœurs adolescentes font face à la mort de leurs parents et au désastre climatique. Plaidoyer poétique et cru pour la décroissance par une grande voix des lettres américaines.
"Leurs enfants après eux", de Nicolas Mathieu (Actes sud)
Portrait plein de rage et de sensualité d'une Lorraine sinistrée brossé par un adolescent désœuvré. Familière et poétique, la prose de l'auteur - également scénariste - rend presque insoutenable le "drame de la vie qui commence".
"L'Italie c'est toujours bien", de Corinne Desarzens (La Baconnière)
Une balade érudite, fantasque et gourmande dans les Marches. On y croise le peintre Lorenzo Lotto, des anges musclés, des mandarines et des chats hérissés! Tout le charme de l'Italie augmenté par la plume tour à tour rêche et soyeuse de Corinne Desarzens.
Le choix de Jean-Marie Félix
"Frère d'âme", de David Diop (Le Seuil)
L'engouement des libraires et des chroniqueurs littéraires a donné à ce livre une formidable résonance. On garde longtemps en mémoire la voix intérieure de ce tirailleur sénégalais embourbé dans les tranchées de la Grande Guerre. A en devenir fou. Prix Goncourt des lycéens.
"Tombée des nues", de Violaine Bérot (Ed. Buchet Chastel)
Un bref roman choral pour évoquer sur le fil un sujet ô combien délicat: le déni de grossesse et l'instinct maternel. Sensible et virtuose!
"Lynx", de Claire Genoux (Ed. José Corti)
Servi par une langue rugueuse et sensuelle, le récit de la fragile rencontre entre deux êtres taiseux en quête de mots. La poétesse vaudoise y confirme brillamment son talent de romancière.
"La splendeur escamotée de frère Cheval", de Jean Rouaud (Grasset)
Avec une pensée poétique excluant toute approche scientifique, Jean Rouaud tente de caresser le geste initial de ce qu'il nomme "les mains d'or". Celles de nos ancêtres lointains qui, pendant vingt-cinq-mille ans, ont peint et gravé un bestiaire magique dans les profondeurs de la terre. Mélange réussi d'érudition et de poésie.
"Un monde à portée de main", de Maylis de Kerangal (Ed. Verticales)
Quatre ans après le succès phénoménal de "Réparer les vivants", l'auteure revient avec ce roman de formation. En suivant le parcours d'une jeune femme s'initiant à l'art du trompe-l'œil, Kerangal dévoile avec finesse son art poétique. Une plongée dans les tréfonds de l'intime et du geste créateur.
Le choix de Sylvie Tanette
"Faire mouche", de Vincent Almendros (Minuit)
Un texte millimétré comme un thriller où le malaise s'installe dès les premières pages. Almendros confirme son talent de styliste et son humour noir, avec une histoire qui nous plonge dans un quart-monde rural horrible à souhait.
"Ça raconte Sarah", de Pauline Delabroy-Allard (Minuit)
Un premier roman composé comme un concerto, scandé par plusieurs mouvements. Delabroy-Allard a su trouver les mots pour décrire une passion amoureuse dans toute sa dimension tragique.
"Le guetteur", de Christophe Boltanski (Stock)
Une enquête sur les traces d'une mère disparue. Un beau portrait de femme où Boltanski, journaliste et écrivain, raconte l'histoire oubliée des étudiants français qui ont lutté pour l'indépendance de l'Algérie.
"Fugitive parce que reine", de Violaine Huisman (Gallimard)
Magnifique premier roman qui dresse le portrait d'une mère borderline, d'un milieu et d'une époque. Huisman dans ce texte autobiographique a su trouver un rythme et une langue qui laissent supposer la naissance d'une grande auteure.
"Arcadie", d'Emmanuelle Bayamack-Tam (POL)
Le livre le plus dingue de l'année, roman initiatique bouillonnant et hilarant d'une ado androgyne qui découvre la sexualité. Bayamack-Tam signe une gargantuesque ode à la liberté, et un texte politique violemment littéraire.
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