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Le festival de bandes dessinées d'Angoulême a ouvert ses portes

L'affiche du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2019. [FIBD 2019]
Le festival de bandes dessinées d'Angoulême / Pony Express / 16 min. / le 24 janvier 2019
Expositions, stands d’éditeurs, dédicaces, mais aussi master classes, concerts dessinés et chinage d’objets rares sont au programme de la 46e édition du festival international d'Angoulême dédié au 9e art.

Le festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) a déballé ses cartons. Sous l’impulsion de leur sponsor principal, les décors sont en bristol et les meubles en carton ondulé. Une ambiance de recyclage pour accueillir les visiteurs qui, comme chaque année, vont arpenter 25’000 mètres carrés dédiés au 9e art.

La BD en pleine forme

Le Festival d’Angoulême, c’est aussi le moment où sont traditionnellement dévoilés les chiffres du secteur par l’agence GfK et, cette année encore, ils sont au beau fixe. Plus de 44 millions d’albums se sont vendus chez nos voisins français en 2018, pour un chiffre d’affaires de près de 510 millions d’euros (lire encadré).

Angoulême, c’est donc une fête pour une profession qui va plutôt bien, mais aussi un événement aux enjeux commerciaux importants. Un titre récompensé au FIBD représente des promesses de vente intéressantes.

"Le Saga de Grimr", de Jérémie Moreau, Fauve d’or de l’an dernier, a beaucoup profité de son sacre. Il a vu ses ventes multipliées par trois après celui-ci.

Mais, malgré cette euphorie commerciale et populaire, les artistes continuent de tirer la sonnette d’alarme sur la précarité de leur métier.

Richard Corben, le muscle et la peau

En 2018, le Grand Prix du festival avait été attribué à l’Américain Richard Corben. Un artiste phare du comics underground américain. Habitué du magazine Heavy Metal, il est surtout connu pour ses dessins d’héroïne-fantasy, ses femmes pulpeuses et ses mondes fantastiques et colorés. Il mélange le glauque, l’action et une certaine idée de la perfection physique comme personne. Dans son oeuvre, la peau est omniprésente, dans sa texture, sa nudité et ses veines.

Une exposition au musée d’art et d’histoire d’Angoulême retrace sa carrière. Ses oeuvres y sont exposées au côté de la collection permanente. Les corps musculeux côtoient, les scènes de bataille et les monstres des marais côtoient tapisseries médiévales, art africain et armes anciennes, pour un résultat d’une résonance juste.

Un dessin de Richard Corben, Grand Prix du festival d'Angoulême en 2018. [FIBD 2019]
Un dessin de Richard Corben, Grand Prix du festival d'Angoulême en 2018. [FIBD 2019]

Enfin une femme!

Mercredi soir, le Grand Prix 2019 du festival a été dévoilé et c’est Rumiko Takahashi qui a remporté les suffrages de la profession. Autrice de manga, elle est connue pour ses séries "Urusei Yatsua" ("Lamu"), "Maison Ikkoku" ("Juliette, je t’aime") et "Ranma 1/2". Ses personnages sont d’une folie douce attendrissante. Elle offre des récits d’aventures a l’humour proéminent, mélangeant fantastique, arts martiaux et quotidien.

Couverture du manga "Ranma 1/2" de Rumiko Takahashi. [FIBD 2019]
Couverture du manga "Ranma 1-2" de Rumiko Takahashi. [FIBD 2019]

Très prolifique, autant dans ses mangas, que dans les adaptations animées et les déclinaisons commerciales de ceux-ci, Rumiko Takahashi est une des plus grandes fortunes du Japon. Elle a 62 ans et elle est la deuxième femme à remporter le Grand Prix du festival, après Florence Cestac en 2000 (Claire Bretécher avait reçu le prix spécial du 10e anniversaire en 1982).

Sa nomination arrive à point, après trois ans de controverse. L’absence de femmes dans la liste des nominés en 2016 avait créé un scandale, qui a mené a une refonte du système de vote. Les nominés sont maintenant choisis eux-mêmes par la profession, par un vote démocratique. Un système qui a mené a l’élection de deux hommes, (notre Cosey national et Richard Corben). L’an dernier, le trio final était Richard Corben, Chris Ware et Emmanuel Guibert. Rumiko Takahashi était arrivée en 4e place des suffrages.

Mais cette année, après une mobilisation des autrices et auteurs sur les réseaux sociaux (#teamrumiko), elle a réussi à séduire la profession. Sa nomination, issue d’un procédé démocratique est un signal fort d’une volonté de cette profession composée en vaste majorité d’hommes, d’offrir une plus grande place aux femmes. Il était temps.

Didier Charlet/aq

Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, du 24 au 27 janvier 2019

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Plus de 44 millions d’albums vendus en France en 2018

Selon l’agence GfK, plus de 44 millions d’albums se sont vendus chez nos voisins français en 2018, pour un chiffre d’affaires de près de 510 millions d’euros. C’est 10 de plus que l’an dernier, alors que les 1,6 millions d’albums du "Astérix et la transitalique" avaient tiré tout le secteur vers l’avant. En 2018, un classique est aussi en tête des ventes: Lucky Luke, avec 319’000 albums. C’est cinq fois moins pour le cow-boy que pour le gaulois!

Derrière l’homme qui tire plus vite que son ombre, on trouve le nouveau Black et Mortimer. En 3e position, le dernier volume de "L’Arabe du futur" de Riad Sattouf qui a cartonné dans les rayons de bibliothèques avec plus de 200’000 reliures vendues.