Il y a Marie, 16 ans, qui glisse son carnet Moleskine dans son sac en toile pour prendre, une fois par semaine, le chemin de son atelier d’écriture où elle se forge un style autant qu'elle s'adonne à un exercice d'introspection.
Il y a ces 15 étudiants qui entrent chaque année à l’Institut littéraire suisse de Bienne, pour y travailler toutes sortes d’écritures avec diplôme universitaire à la clé.
Il y a Esteban, 92 ans, banquier privé genevois à la retraite, qui rédige un livre sur le Maroc de son enfance, racontant les vers à soie qu’il nourrissait dans son jardin de Tanger et son exil en Europe. Il écrit ce dont il se souvient à la demande de ses enfants qui se sont rendu compte qu’ils ne connaissaient pas l’histoire de leurs parents.
Il y a ces milliers de gens qui tiennent un journal intime dans lequel leur vie éparpillée prend patiemment une forme. Il y a, il y a, il y a.
14,4% des Suisses écrivent régulièrement et en amateur des textes non utilitaires – le chiffre exclut donc les rapports, les PV, les textes rédigés sur les bancs de l’université, etc. La statistique émane du rapport 2018 de l’Office fédéral de la culture.
Malgré la place qu’a prise le numérique (Facebook, séries TV, etc.), ce chiffre est resté stable. On peut donc considérer qu’il aurait comme un renforcement de l’écriture amateur. Olivier Moeschler, sociologue à l’UNIL et responsable du domaine Culture à l’Office fédéral de la statistique: "D'autres pratiques en amateur ont des taux moindres – seuls 8.5% font de la danse, et moins de 3% du théâtre en amateur".
Les blogs et autres pratiques scripturales numériques ont-ils une incidence sur ce chiffre?
Il se peut que l’omniprésence du numérique contribue à une revalorisation de ce type d’activité considérée comme ancestrale.