Nous bénéficions toutes et tous d’un sursis en relative bonne santé. D'un supplément de vie qui nous est accordé grâce aux progrès de la médecine et l'évolution des mentalités. Que faire de cette longévité alors que les plus ardents partisans de la technologie nous promettent de vivre jusqu'à 120 ans ? A partir de la cinquantaine, estime Pascal Bruckner, le défi est de faire bon usage du temps qui nous reste. C'est un nouveau continent dans l’'histoire qui n'est ni la maturité, ni la vieillesse et qu'il appelle "l'été indien" dans son dernier livre, "Une brève éternité. Philosophie de la longévité".
Senior à 50 ans
50 ans et déjà dans la catégorie des encombrants, des vieux. Au-delà de cette limite, la société force les seniors à changer de case. Le philosophe constate que cette frontière existe dans les "statistiques des entreprises et des assurances". L’idée est tenace qu'un-e employé-e senior ne peut pas innover dans les nouvelles technologies. Il ajoute : "on est jeunes et brutalement, on passe dans une catégorie qui nous ringardise". Pire, soupire Pascal Bruckner, "j'ai reçu des propositions d'assurances obsèques".
Enthousiasme philosophique
Le philosophe ne veut pas parler de l'âge qui avance "sous l’angle de la désolation". Des plus jamais et des deuils. Il refuse le catalogue des adieux, car il veut combler "ce décalage entre l'âge officiel où pour la société on encombre et l’âge de l’esprit et du cœur". Mais tout est-il encore possible ? Non, concède-t-il, mais "beaucoup reste permis, l’âge est un malheur de mentalité, d'état d’esprit". Il propose donc de vivre intensément pour que "chaque jour ne soit pas comme un papier qu'on jette à la poubelle". Il invite les seniors à vivre intensément et "à resusciter des ambitions enfouies, à s'engager dans la vie associative ou politique." Pascal Bruckner, 70 ans, le reconnaît, ce livre est une "autobiographie intellectuelle. J'écris ce que je vis".
Manuela Salvi