Prix suisse de la littérature en 2013, sélectionné la même année pour le Prix Medicis, l'un des grands prix littéraires français, Prix du public de la RTS en 2014, "Le milieu de l'horizon" de Roland Buti publié aux éditions Zoé a connu un beau succès depuis sa parution.
Au moment d'écrire ce livre, Roland Buti - déjà auteur d'un recueil de nouvelles ("Les Âmes lestées", 1990) et de deux romans ("Un nuage sur l'oeil", 2004 et "Luce et Célie" en 2007) - pensait avoir fait "quelque chose de pas trop mal". Mais pas de quoi imaginer un tel succès pour un récit qui se passe dans une petite ferme vaudoise en 1976 lors d'un été caniculaire.
Une histoire universelle
Une histoire qui a plu, et pas qu'en terre vaudoise, puisque le roman a connu sept traductions dont le letton et le suédois. Lorsque l'on demande à l'auteur ce qu'il y a d'universel dans son récit, celui-ci explique: "La disparition de la paysannerie, de cette relation à la nature au moment de l'arrivée de l'industrie dans la production est quelque chose qui touche énormément".
Et d'ajouter que son récit raconte aussi le passage à l'âge adulte d'un jeune homme à un moment où sa famille vit une crise. "Un thème universel lui aussi".
Une adaptation au cinéma
"Le milieu de l'horizon" vient d'être adapté au cinéma par la réalisatrice Delphine Lehericey avec Laetitia Casta et Clémence Poésy à l’affiche. Il sera présenté en première mondiale au Festival de San Sebastian en Espagne le 26 septembre avant d'arriver sur les écrans romands dès le 2 octobre.
>> A lire : "Le milieu de l'horizon, un film de Delphine Lehericey"
En décembre dernier, Roland Buti a pu voir une épreuve de travail alors en cours de montage. Mais n'a pas encore vu la version définitive qu'il découvrira en Espagne. Une attente qu'il vit très sereinement.
Au moment d'accepter que son roman devienne un film, sa seule demande a été que cela reste une adaptation. "J'ai eu la garantie qu'on n'allait pas faire un film de karaté", dit-il en rigolant. "Mon point de vue, c'est qu'une fois écrit, un livre appartient au lecteur et que les lecteurs en font ce qu'ils veulent. J'ai dit à la réalisatrice qu'il fallait qu'elle fasse son œuvre à elle à partir de mon livre. Ce film est donc une lecture, une adaptation, un point de vue sur mon livre."
Et lorsqu'on lui a proposé de s'impliquer dans ce projet de film, Roland Buti a refusé. "Si un écrivain se met à vouloir faire des dialogues pour le cinéma ou à intervenir dans un film, le risque, c'est que ça devienne un film un peu littéraire. La grammaire du cinéma est très différente de celle d'un livre. C'est un autre métier".
Une décision que le Lausannois a prise facilement: "Une fois qu'on a écrit un livre, on pense au suivant. Pour moi, c'est quelque chose qui est derrière."
Une écriture libérée
Six ans après "Le milieu de l'horizon", Roland Buti vient d'ailleurs de le publier ce nouveau roman. Intitulé "Grand National", il raconte la vie de Carlo, un homme en crise qui vient d'être quitté par sa femme, dont la mère est enfermée dans un palace d'où elle refuse de sortir et dont l'employé se fait tabasser pour des raisons mystérieuses.
Lorsqu'on lui demande si c'était difficile de se remettre à écrire après le succès de son précédant roman, Roland Buti répond: "Oui c'était difficile, car j'ai pas eu le temps d'écrire". Avec le succès, j'ai dû faire beaucoup de voyages et de rencontres partout en Europe."
Un manque que l'écrivain a d'abord vécu comme une frustration. Mais le succès du "Milieu de l'horizon" lui a offert une liberté nouvelle: "J'ai eu mon succès et maintenant je me sens plus libre dans l'écriture".
Et de conclure en évoquant ce plaisir d'écrire et de la littérature: "Quoi de mieux que de pouvoir se mettre en dehors de tout pendant deux heures, le temps de se plonger dans un livre? Un livre qu'on lit ou un livre qu'on écrit. Aujourd'hui, c'est le vrai luxe".
Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente