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De Zep aux ouvrages féministes, le nouvel essor de la BD porno

La BD érotique connaît un nouvel âge d'or. Exemple l'album "Happy sex" de Zep.
La BD érotique connaît un nouvel âge d'or. Exemple l'album "Happy sex" de Zep. / 19h30 / 2 min. / le 15 octobre 2019
Avec la sortie de "Happy Sex 2", Zep s'amuse à caricaturer nos pratiques sexuelles. Et il n'est pas le seul à le faire. La BD pornographique connaît un nouvel âge d'or. Où quand la parole sexuelle se libère en dessin.

Dix ans après le premier tome, Zep revient avec "Happy Sex 2". Une BD humoristique destinée à un public adulte, où l'auteur de Titeuf tourne en dérision nos pratiques sexuelles. "Je pense qu'en 10 ans, il y a pas mal de choses qui ont changé (…) dans nos pratiques, ce qui est autour de la sexualité, notre manière de se rencontrer, la manière de consommer le sexe: on commande son partenaire comme on commande une pizza", raconte-t-il dans le 19h30.

Dans cet album, Zep se marre surtout de nos ratages, sans aucun complexe. Comme lui, de plus en plus d'autrices et auteurs BD se lancent dans des récits pornographiques.

>> Lire aussi : "Après ma mort, personne d'autre que moi ne dessinera Titeuf", confie Zep

Qu'ils soient autobiographiques, humoristiques, plus contemporains, ou érotiques, le genre connaît un nouvel âge d'or dans le 9e art. Preuve en est la création l'année passée de la collection Porn'Pop chez Glénat et le succès de certains titres de la collection BDcul des Requins Marteaux, vendus à plus de 15'000 exemplaires.

Des codes de lectures de jeunesse remis en question

"La sexualité, c'est quoi? C'est la sensualité, c'est aussi le pouvoir, les relations sociales hommes-femmes, politiques, c'est plein de choses." C'est en ces termes qu'Aude Picault décrit "Déesse", son second album chez BDcul.

Un ouvrage ouvertement féministe, profondément pornographique, qui remet en question les codes de ses lectures de jeunesse : "C'était quand même un désir masculin qui mène le truc, et les femmes quand elles ont elles-même un désir, c'est qu'elles sont manipulées, ou droguées, ou un peu folles, ou un peu biaisées, ou un peu manipulatrices ou dominatrices."

De l'instinctif dans le pornographique

En 2017, le collectif d'autrices romandes La Bûche a publié un recueil d'histoires coquines, fruit de leurs fantasmes et de leurs expériences. Pour Franky Baloney, co-éditeur de la collection BDcul, il y a chez les créateurs de BD quelque chose d'instinctif à faire du pornographique : "On a toujours vu qu'en secret, les auteurs griffonnaient toujours des trucs un petit peu coquins, voire cochons."

Et à Zep de conclure pour expliquer le succès du genre : "C'est beaucoup plus facile de parler de sexualité dans la BD parce qu'on a le prisme du dessin qui fait qu'on montre les choses sans que ce soit aussi embarrassant qu'au cinéma."

Gilles de Diesbach

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