Les inédits font rêver lecteurs et éditeurs, surtout quand leurs auteurs sont morts. Ils représentent une promesse pour les uns de revivre les émotions que procure la plume de leur écrivain favori, un espoir pour les autres d’apporter un éclairage supplémentaire sur une oeuvre. Le business des fonds de tiroirs, c'est aussi l'occasion de vendre de nombreux exemplaires.
"C’est comme si l’auteur disparu republiait quelque chose, explique Lisbeth Koutchoumoff, journaliste culturelle au Temps. De son vivant, un auteur a un atelier d’écriture. Un inédit, c’est comme si on ouvrait un tiroir de cet atelier, une porte cachée. On peut toujours s’attendre à des trésors."
Retrouver l'univers proustien
Les éditions de Fallois, qui publient l’inédit de Marcel Proust et dont le directeur aujourd’hui décédé était biographe de l’écrivain, ont dû faire des choix éditoriaux avant de publier les 13'000 exemplaires du "Mystérieux correspondant et autres nouvelles inédites".
Les fac-similés des notes de Marcel Proust, reproduits, doivent "replonger les lecteurs dans cet univers proustien", rappelle le PDG de la maison d'édition Dominique Goust, alors qu’on célèbre cette année les 100 ans du Prix Goncourt pour "A l’ombre des jeunes filles en fleurs".
Pertinence questionnée
A l’occasion du 10e anniversaire de la mort de Jacques Chessex, prix Goncourt 1973 avec "l’Ogre", son fils a confié un recueil de 17 nouvelles inédites.
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Avec le dernier Françoise Sagan, "Les quatre coins du cœur", sorti en septembre, la critique est sévère et interroge la pertinence d’un roman constitué de notes incomplètes et de réécriture. Mais le public, nostalgique, s’en moque. Quinze jours après sa sortie en librairie, ce roman inédit était déjà un best-seller.
Marie-Emilie Catier