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Le Dr Hirschfeld, ce médecin juif qui a permis la libération homosexuelle

Le sexologue Magnus Hirschfeld en 1919. [Kystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images]
Le Dr Hirschfeld, ce médecin juif qui a permis la libération homosexuelle / Caractères / 2 min. / le 27 octobre 2019
Brigitte Giraud rend hommage à Magnus Hirschfeld, médecin juif homosexuel traqué par les nazis. Avec son roman "Jour de courage", elle était finaliste du Grand Prix de l'Académie française, finalement remis jeudi à Laurent Binet, mais reste en lice pour le Médicis.

C’est en 1994 seulement que l’Allemagne a abrogé le fameux paragraphe 175 du Code pénal prévoyant la prison et la suspension des droits civils pour les auteurs d' "actes sexuels contre nature".

L’un des premiers opposants à cet alinéa qui a causé plus de 50'000 condamnations d’homosexuels sous le IIIe Reich – dont 15'000 déportations – est le Dr Hirschfeld, fondateur à Berlin de l’Institut des sciences sexuelles, que les nazis ont incendié en 1933. Hirschfeld avait quitté l’Allemagne deux ans plus tôt, il meurt à Nice en 1935.

Coming out indirect

Dans "Jour de courage" (Flammarion), Brigitte Giraud fait de Magnus Hirschfeld le sujet de l’exposé que propose un lycéen en cours d’histoire. Livio va présenter cet homme hors du commun à ses camarades, qu’il interroge sur la norme, la différence, la tolérance. Manière pour le jeune homme de faire indirectement son coming out tout en rappelant la pratique de l’autodafé sous le IIIe Reich.

Comme dans tous ses romans, Brigitte Giraud excelle dans l’art de peindre la fragilité des ados et l’incapacité des parents à entendre leurs enfants.

Le lien à l’Histoire

Toujours en lice pour le Médicis, Brigitte Giraud souligne "qu’aujourd’hui encore, on brûle des livres" et que l’homophobie est bien loin de disparaître. Quelle connaissance ont les jeunes d’un passé dont les spectres hantent encore notre présent, c’est l’une des questions posées par ce roman sobre et délicat.

>> A écouter: Interview de Brigitte Giraud, auteure de "Jour de courage" :

L'écrivaine Brigitte Giraud. [Aurimages/AFP - Ulf Andersen]Aurimages/AFP - Ulf Andersen
Propos de Brigitte Giraud, en lice pour le Grand Prix de l’Académie française / Caractères / 6 min. / le 27 octobre 2019

Nicolas Verdan révèle Hirschfeld au public

C’est "Le patient du Dr Hirscheld" qui a valu à Nicolas Verdan le Prix du public RTS en 2012. Au cœur de ce faux roman d’espionnage, Karl, un juif allemand qui a fréquenté l’institut de Magnus Hirschfeld avant de fuir vers la Palestine. Il sera contacté par le Mossad en quête de renseignements sur les criminels nazis.

Rejetant toute forme d’angélisme, Verdan met en scène des personnages complexes, dont certains dignitaires nazis qui consultaient le Dr Hirschfeld et dont le régime fit disparaître les noms en mettant le feu à la bibliothèque du médecin juif. Certes, Hirschfeld est un personnage profondément romanesque, mais le livre de Nicolas Verdan, explore aussi les causes et les effets de l’homophobie, hier comme aujourd’hui.

>> A écouter: Interview de Nicolas Verdan, lauréat du Prix du public RTS 2012 :

Nicolas Verdan. [Dominic Favre]Dominic Favre
Interview de Nicolas Verdan, lauréat du Prix du public RTS 2012 / Caractères / 7 min. / le 27 octobre 2019

Un film signé Stéphane Riethauser

Il y a vingt ans que le cinéaste Stéphane Riethauser a découvert - à Berlin où il réside - le fameux Dr Hirschfeld. C’est "Le patient du Dr Hirschfeld" qui l’incite à imaginer un film, actuellement en projet. Décision confortée par sa rencontre avec Nicolas Verdan. Pour l'auteur du documentaire "Madame" (actuellement sur les écrans romands), le Dr Hirschfeld incarne avant tout la liberté d’aimer, quelles que soient les barrières religieuses ou morales qu’érigent les sociétés.

>> A écouter: Interview de Stéphane Riethauser, réalisateur du documentaire "Madame" :

Stéphane Riethauser. [Dominique de Rivaz]Dominique de Rivaz
Interview de Stéphane Riethauser, réalisateur du documentaire "Madame" / Caractères / 6 min. / le 27 octobre 2019

Geneviève Bridel/aq

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Stop aux thérapies de conversion

Le Parlement européen a adopté en 2018 un texte non contraignant appelant les États à interdire les pratiques censées modifier l’orientation ou l’identité sexuelle, aussi nommées "thérapies de conversion". Seule Malte a légiféré en la matière, mais des discussions ont cours au Royaume-Uni et en Espagne. La France va se pencher au printemps 2020 sur une proposition de loi qui prévoit 30'000 euros d’amende et 2 ans d’emprisonnement pour les auteurs de telles pratiques.