Tout vire au vert, c’est dans l’air. Et la bande dessinée n’y fait pas exception. Cet automne, une nouvelle collection de l’éditeur Buchet-Chastel s’en vient conter fleurette à ceux qui se montrent sensibles à l’élégance du roman graphique, autant qu’aux beautés de la nature.
Avec "Planète graphique", la collection Ecologie de l’éditeur français s’enrichit d’un volet résolument tendre, drôle et poétique, à destination d’un public que ne touchent peut-être pas les ouvrages de vulgarisation scientifique. Avec, en ligne de mire, "la volonté de mettre le dessin au cœur du livre", comme nous le confie Valérie Gendreau, directrice de la collection.
Des humains redevenus poissons
Deux premiers volumes inaugurent la série, dans des styles résolument différents. Avec "L’Âge Bleu, sauver l’océan", les aquarelles subtiles d’Anne Defréville se mettent au service d’un dialogue délirant entre des humains redevenus poissons, échangeant des propos aussi scientifiques qu’absurdes, entre jeux de mots et enchaînements à la marabout-de-ficelle.
Autre approche avec "Les Indégivrables – Chaud devant!" de Xavier Gorce. Connus des lecteurs du quotidien Le Monde, les manchots stylisés du dessinateur français jouent la carte de l’humour en devisant avec une ironie mordante sur les enjeux du réchauffement qui menace leur banquise. Ainsi de ce manchot qui lance à son compagnon de glissades: "Les conditions d’enrichissement optimal ne sont aujourd'hui pas réunies pour se lancer dans le commerce éthique".
Le dessin plutôt que la photographie pour observer la nature
Avec son approche résolument visuelle, "Planète Graphique" inscrit sa pertinence politique dans une tradition très ancienne: celle du dessin comme médium privilégié de l’observation de la nature. Aquarelle ou croquis sont, aujourd'hui encore, préférés à la photographie dès lors qu'il s’agit de décrire et d’identifier telle espèce d’oiseau, telle forme de champignon.
Mais la série s’en vient aussi renforcer un mouvement qui sourd de l’univers de la BD depuis quelques années. Du roman graphique pionnier "Saison brune" de Philippe Squarzoni (Delcourt, 2012) au thriller apocalyptique "The End" de Zep (Rue de Sèvres, 2018), en passant par la dystopie post-effondrement de Tom Tirabosco ("Femme sauvage", Futuropolis, 2019), le neuvième art s’est pris d’une sérieuse passion pour le documentaire et la fiction écologique. Et quand le climat fait des bulles, le plaisir, insoupçonné, est au rendez-vous.
Nicolas Julliard/mh
"Les Indégivrables – Chaud devant!" de Xavier Gorce, préface de Sophia Aram, 128 pages, Buchet-Chastel
"L’Âge Bleu, sauver l’océan" d’Anne Defréville, préface de Claire Nouvian, 128 pages, Buchet-Chastel
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