Leur imaginaire gourmand se repaît de meurtres odieux, de complots sordides et de scènes insoutenables. Pour un public de jeunes lecteurs, cependant, il a fallu alléger le menu. Peu ou plus de sang, des forfaits d’adultes observés par des ados, voilà ce qu’offrent les deux premiers romans de la nouvelle collection "Frissons suisses", lancée par les éditions Auzou.
Auteurs de polar très en vue sur la scène romande, Nicolas Feuz et Marc Voltenauer mettent ici leur plume au service d’intrigues conçues pour un lectorat de 10 ans et plus. "Une évidence: ne pas mettre trop de situations dures, physiquement ou psychologiquement", convient Nicolas Feuz.
Une complicité créative
Cette double parution ouvre un nouveau chapitre dans une complicité créative qui voit les deux écrivains, co-fondateurs du Cercle d’auteurs de polars romands, publier aux même éditions et partager de nombreuses séances de dédicaces à l’occasion de ces nouveaux écrits. Leur vision du roman jeunesse n’en demeure pas moins singulière et distincte.
Salué pour ses polars "nordiques" situés dans les Alpes vaudoises ("Le Dragon du Muveran", "Mais qui a tué Heidi?"), Marc Voltenauer explore à nouveau les environs de Gryon dans "Taveyanne, la porte au diable". Avec, pour ses fidèles lecteurs, un clin d’oeil à ses romans précédents: les jeunes protagonistes, Melissa et Adam, ont pour oncle le commissaire de police Andreas Auer, héros récurrent de l’auteur genevois.
Une des principales difficultés était de trouver le bon niveau d’intrigue, ni trop simple, ni trop compliquée. Et de s’accommoder du nombre limité de chapitres.
Dans ce récit d’exploration nocturne, co-signé avec Benjamin Amiguet, les enfants jouent un rôle-clé dans la mise au jour d’un coup monté qui implique l’essentiel du hameau alpin.
Harcèlement scolaire en toile de fond
Autre registre, autre climat avec "Black Justice 1.0" de Nicolas Feuz. Dans ce thriller sur fond de harcèlement scolaire, un collège neuchâtelois devient le théâtre d’un jeu dangereux, entre prises de rôles sur internet et vengeances réelles. Pour ce procureur de la République du canton de Neuchâtel, l’élément préventif, éducatif du roman fait partie de la démarche, même si "le but premier est d’inciter les jeunes à lire ou à continuer à lire. Le côté récréatif doit primer sur le message."
Inaugurée par ces deux premiers textes, la série "Frissons suisses" est appelée à se développer ces prochains mois avec de nouvelles plumes et, peut-être, de nouvelles aventures des jeunes héros rencontrés chez Feuz et Voltenauer. Affaire(s) à suivre, donc.
Nicolas Julliard/mh
Nicolas Feuz, "Black Justice 1.0", Auzou (96 p.)
Marc Voltenauer, "Taveyanne, la porte au diable", Auzou (104 p.)