"Bed Bug" débute comme un roman à l'eau de rose puis, à travers les différentes couches de narration, le 19e livre de Katherine Pancol se transforme en roman d'amour piégé, où les bons sentiments explosent à coups de cruauté, sexe et révélations percutantes.
Le point de départ? Une discussion avec une jeune femme dans un train en direction de Barcelone. "Cette femme d'environ 25 ans était très heureuse mais se demandait à quoi servait son petit ami dans sa vie" explique la romancière à la RTS. Interpellée par cette réflexion, Katherine Pancol décide de rencontrer plusieurs jeunes femmes de différentes nationalités et de leur poser cette question: "C'est quoi être amoureuse pour vous?"
Leurs réponses ont souvent décontenancé la romancière et journaliste de 65 ans. "Les jeunes filles d'aujourd'hui sont totalement contradictoires. Elles sont à la fois très indépendantes, aussi bien financièrement que dans leur rapport au corps, mais elles rêvent pourtant d'avoir un mari, des enfants et un sapin de Noël. Un côté prince charmant et conte de fées".
Les insectes, miroir des comportements humains?
Quant à la question de la place à donner aux hommes dans leur vie, la romancière multiprimée y a vu un lien avec certains insectes où la femelle va jusqu'à tuer le mâle au moment de l'accouplement. Pour écrire "Beg Bug", Katherine Pancol a donc décidé de travailler avec Roland Lupoli, un biologiste de renom qui l'a aidée pour les passages scientifiques et en a assuré la véracité.
Un élément essentiel pour ce roman qui raconte l'histoire de Rose, une jeune chercheuse en biologie du CNRS de 29 ans qui découvre chez les lucioles alsaciennes une molécule très prometteuse pour lutter contre le cancer. Mais on peut être une pointure dans la recherche médicale et être totalement désemparée en amour.
Une blessure profonde
Ainsi, Rose se débat sans cesse avec des émotions contradictoires. Complexée par son corps à cause de sa mère qui lui dit sans arrêt: "Tu es ravissante, mais tu as trois kilos de trop", la jeune femme n'arrive pas avoir un rapport sain avec son corps. Ce qui se traduit par un besoin de violence et des fantasmes sexuels qui la placent toujours en posture de soumission.
Comprenant qu'elle a besoin d'aide, la chercheuse fait alors appel à une psychologue. Et, à travers des séances de EMDR - une technique qui consiste à revivre des traumatismes du passé afin qu'ils ne vous empêchent plus de vivre - l'héroïne aura une révélation sur une blessure profonde et cachée qui remonte à son enfance...
Katherine Pancol, aussi une victime de violence
L'auteure de la trilogie des "Muchachas" explique s'être toujours intéressée de près à la violence du quotidien, celle qui se passe dans des atmosphères douces et feutrées. "Je suis fasciné par cette violence qui existe partout et qui peut éclater à tout moment".
On n'a pas besoin de serial killers, la violence est partout
C'est l'agressivité envers les plus faibles, en particulier contre les enfants et contre les femmes, qui touche le plus la romancière. Et cette violence, Katherine Pancol avoue la connaître de près. Il y a quelques semaines, en interview sur Europe 1, elle a révélé avoir été victime d'un viol alors qu'elle effectuait un job d'étudiante.
Défendre les plus faibles
"C'est pourquoi, je suis si sensible à l'impuissance face à la force", explique la romancière. "Les enfants n'ont pas droit à la parole ou alors on ne les écoute pas vraiment. Et c'est à peu près la même chose avec les femmes battues". Mais les choses sont en train d'évoluer. Dans la mouvance du mouvement #Metoo, la parole se libère enfin pour les femmes. "Maintenant, on peut parler du fait qu'on a été violée, agressée ou battue" estime Katherine Pancol.
Je veux défendre le droit du faible. C'est quelque chose qui me touche énormément. Les femmes battues et les enfants maltraités. Je ne supporte pas. Je n'arrive pas à accepter.
En plus de ses romans qui traitent de ces questions de violences et qui sont lus par des millions de lecteurs à travers le monde, Katherine Pancol a voulu aller plus loin dans son combat. Elle collabore désormais avec l'association française "Women Safe" qui aide les victimes ou témoins de violences.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Réalisation web: Andréanne Quartier-la-Tente
Katherine Pancol, "Bed bug", Albin Michel, octobre 2019